CF255 (janvier 2006)

A râse dè têre - Skèteûs d'arguèdènes

  Quatuor de cuivres champêtre : Une musique avec un air de terroir.

 

" Arguèdène " est un mot wallon qui signifie littéralement " ariette ". Plusieurs sens peuvent lui être attribués, mais dans le monde des fanfares, il se réfère à une forme de jeu d'ensemble pratiquée par un petit groupe de musiciens, des skèteûs (joueurs) d'arguèdènes, jouant des airs de danse sur un accompagnement improvisé.

Le plus souvent, cela se passe de manière impromptue et conviviale, autour d'un bon petit verre dans un café, après un concert ou à l'occasion de l'une ou l'autre sortie.

Cette pratique s'est développée dans le courant du XIXe siècle lors de l'émergence des sociétés musicales amateurs pour connaître son apogée avant la guerre 14-18. Des joueurs d'arguèdènes avaient même l'habitude de se rassembler pour former de petits orchestres afin de faire danser la communauté lors de bals champêtres. Si elle a baissé en intensité, la pratique des arguèdènes ne s'est jamais vraiment interrompue dans certaines fanfares ou harmonies, particulièrement dans l'Entre-Sambre-et-Meuse.

 

Le répertoire d'À râse dè têre s'articule autour des arguèdènes jouées à Sivry, mais nombre d'airs étaient aussi connus ailleurs, en Flandre comme en Wallonie. Il s'agit d'un assortiment des quatre grandes danses de couple (valses, polkas, schottisches et mazurkas). Transmises par le bouche à oreille ou via des notations manuscrites, les mélodies appartiennent à la tradition locale et sont pour la plupart anonymes ; elles sont souvent associées à d'anciens arguèdèneûs qui les ont jouées et parfois composées eux-mêmes.

 

L'ensemble À râse dè têre, qui entend mettre ce répertoire à l'honneur, est composé de quatre musiciens originaires de la région de l'Entre-Sambre-et-Meuse et issus du vivier des fanfares et harmonies villageoises. Ils ont été formés à la tradition des arguèdènes par les aînés musiciens, côtoyés dans leurs fanfares respectives. Les instruments utilisés sont des instruments à vent en cuivre comme on en trouvait dans toutes les fanfares : un bugle, un cornet à pistons, un trombone à pistons et une basse, c'est-à-dire aussi un effectif souvent rencontré dans les cahiers manuscrits ou imprimés de musiciens de bals qui sont parvenus jusqu'à nous. L'expression " à râse dè têre " fait partie de celles fréquemment employée par les arguèdèneûs.

 

Les musiciens sont :

 

Géry Dumoulin (bugle). Musicologue actif au Musée des instruments de musique de Bruxelles, il a joué ses premières notes à la fanfare communale de Sivry - comme son père et son grand-père - où il est entré en contact avec les arguèdènes. Il est également cornet solo au Brass Band Buizingen, une des meilleures formations du genre en Belgique, et pratique volontiers le didjeridoo. Il prépare actuellement une étude sur la tradition des arguèdènes dans le village de Sivry.

 

Pierre-Noël Latour (cornet à pistons). Psychologue et musicien, lauréat du Conservatoire royal de musique de Mons (trompette et cornet), il a reçu ses premières leçons au sein de la fanfare d'Yves-Gomezée, dont il a pris la direction, succédant ainsi à son grand-père. Membre du quintette de cuivres Les Durs à Cuivre, il est aussi le directeur musical de la fanfare de Beignée. Joueur d'arguèdènes patenté, il a obtenu le deuxième prix du premier concours d'arguèdènes organisé à Sivry en 2005.

 

Gilles Dropsy (trombone à pistons). Après avoir débuté à la Fanfare royale de Rance, il a ensuite fait partie de plusieurs sociétés musicales de la Botte du Hainaut. Il est actuellement euphonium solo du Brass Band de Thudinie et premier tuba de la philharmonie de Maubeuge. Il dirige la Fanfare royale " Les Joyeux Artisans " de Beauwelz et est sous-chef de la Fanfare royale de Solre-Saint-Géry, endroits où la pratique des arguèdènes est toujours bien vivante.

 

Jacques Dubois (basse mi bémol). Après être passé par les académies de musique de Sivry-Rance et de Thuin, il a obtenu un prix supérieur de trompette au Conservatoire royal de musique de Liège. Il a eu l'occasion de jouer dans de nombreuses sociétés - harmonies, fanfares et brass bands - où il a fait la connaissance des arguèdènes. Il est actuellement membre du quintette de cuivres Les Durs à Cuivre, du New Beat's Band et de Soap Opera. Outre la trompette et le cornet, il manie aussi aisément l'alto, l'euphonium, la basse et le sousaphone.

 

Le groupe jouera à Uccle le 25 février avant Rue du Village (voir agenda). Contact : gerydumoulin@hotmail.com.