CF127 (avril 1994)

 

Ī ANTA PEI

Steve Houben et Luc Pilartz, qui sont potes depuis une quinzaine d'années, sont les fondateurs de ce groupe de dix musiciens qui donnait son premier concert le samedi 26 mars à Braine l'Alleud dans le cadre d'un festival des "musiques inqualifiables". Chouette concert, avec de superbes arrangements, mais, curieusement, sans un mot à l'intention du public si ce n'est le remerciement final. Voici donc quelques explications.

 

Le nom du groupe n'est pas écrit en caractères cyrilliques, mais bien en grec. La première lettre se prononce "p", c'est le "pi" des mathématiciens, je veux dire : c'est la mamelle intarissable qui déverse un flot de décimales après 3,1415... pour permettre de calculer une circonférence. Pas n'importe quelle circonférence : celle de la Terre (mais si, elle est ronde !) que nos musiciens parcourent en nous invitant à un grand voyage, à une découverte des musiques traditionnelles.

 

Panta rhei - comme on l'écrit vulgairement en caractères latins -, c'est l'expression du philosophe Héraclite qui signifie : tout s'écoule, rien n'est permanent, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

 

De même, les pays défilent au cours du concert : Roumanie, Tchécoslovaquie,

Portugal, Irlande, Suède, Hongrie, Belgique (mais oui !), Angleterre et Bulgarie nous présentent différentes ambiances. Ainsi, la Valspolska suédoise est introduite par des souffles et des bruits qui évoquent les grandes étendues du Nord. Les morceaux anglais sont joués de manière bien carrée, comme des Anglais le feraient. Les airs est-européens rythmés sont réussis, particulièrement la suite

 

roumaine et la ronde bulgare qui, avec son rythme asymétrique, est assurément un morceau de bravoure. La "sauterelle" (du cahier de Vandembrille) est l'unique air joué par un instrumentiste seul, qui est évidemment l'incomparable Luc Pilartz.

 

C'est d'ailleurs Luc qui est l'auteur d'une des deux compositions (l'autre étant du talentueux Didier Laloy) : "Hopa !", morceau énergique qui se termine abruptement, non sans humour. Un humour que tout le monde n'a pas saisi, conséquence peut-être du manque de contact avec le public ?

Reste que la qualité des musiciens et des arrangements ne supprime pas la difficulté de faire parler d'une même voix un groupe de dix personnes. Il n'y a pas de miracle : c'est un groupe neuf, il faudra encore du travail pour arriver à l'unité déjà présente dans "Hopa !", "Maxim" et "Ronde bulgare", pour faire chanter le Tage avec toute son âme, pour faire danser la rythmique hongroise et pour éviter que la Tchécoslovaquie se réduise à un orchestre de chambre.

 

D'ores et déjà, la démarche est assurée d'un beau succès. Les portes des lieux de concerts et des festivals européens devraient s'ouvrir sans problème à ce groupe prometteur, grâce à la réputation de Steve Houben, un musicien sincère, généreux et talentueux qui s'est épris des musiques traditionnelles.

Composition du groupe :

 

Kathy Adam : violoncelle

Philippe Corthouts : guitare, mandoline, banjo Fabien Degryse : guitare, bouzouki

Aurélie Dorzée : violon

Steve Houben : flûtes, saxophone

Didier Laloy : accordéon diatonique

Luc Pilartz : violon, cornemuse Stephan Pougin : percussions Michel Seba : percussions Jo Van Houtte : contrebasse