CF 149 (avril 1996)
Peut-être, êtes-vous allé au stage de Borzée au début du mois de mars. Si votre chemin vous a conduit par la route qui relie Marche à La Roche, vous êtes passé non loin du village de Gènes. Dans ce village vivaient (ou vivent encore) des témoins des pratiques de danse populaire. En 1983 a paru "Si Gènes m 'était conté", un fort volume sur la vie quotidienne dans ce village de l'Ardenne. Le sixième chapitre est consacré à la danse. En voici un extrait.
"On dansait surtout les danses anciennes, et on faisait des farandoles.
Q. - Que dansiez-vous ?
R.H. - Oh...
O.N. - Toutes les anciennes danses. va.
R.H. - Des scottish, des mazurkas, des polkas et puis li palisse en cwin, li jardin d 'amour, èt ko li papillon blanc.
Q. - Qu 'est-ce que c 'est ça. explique un peu les papillons blancs.
O.N. - Les papiers blancs.
R.H. - Aïe les papiers blancs, dji m 'trompe !
O.N. - Si j 'avais du papier blanc et de 1 'encre pour écrire.
Q. - Comment est-ce qu 'on dansait ?
R.H. - Oh ! Dji n 'sé d jà pu trop bin.
O.N. - Mi non pu sése.
Q. - C 'était plus des jeux que des danses ?
- Oui hein.
R.H. - C 'était un genre de farandole comme on fait maintenant.
Q. - Comme le coussin ?
- Oui.
Q. - Qu 'est-ce que vous dansiez ?
O.L. - Oh ! ben dites, on connaissait la valse et on savait la danser.
Q. - Déjà ?
- Oh ! oui hein, alors il y avait le scottish, trois tours de valse, deux pas de polka; alors, il y avait la mazurka.
Q. - C 'est quoi la mazurka ?
- Oh ! djo l 'dansre ben, po l'expliqué. .dji n 'sanre nin.
A.P. - Es l 'maclotte.
O.L. - Oh ! oui mais ça c'était les anciennes danses, hein, et les palisses au coin, toutes sortes. Et le chose, n 'est-ce pas qui est une danse qui existe et qu 'on danse encore maintenant le ... quadrille.
Q. - Le quadrille des lanciers ?
- Oui, ça existait:
Q. - Et quand c'était la fête au village, n 'y avait-il pas une danse ou certaines danses vraiment d'ici. de Gènes ?
CH. - La danse de l'amour.
A.P. - Il y avait la palisse au coin: c 'est une carrée qu 'on appelait çà, et puis. il y avait li polka des d'chvons, la danse du ramon, et puis le quadrille des lanciers kon dansève.
Q.. - Et vous les avez dansées toutes alors ?
C.H. - Bien oui, oui, nous les avons dansées.
L.H. - Ben. c'est pu vî, hein. çà' !
C. H. - Oui, mais on les a vu danser. Marie Mochtenne adansé la danse du ramon avec Séraphin. L'homme mettait un manche de ramon entre ses jambes, non, le ramon, et la fille avait le manche. Elle essayait de mettre le manche dans le ramon ainsi; elle le mettait là, et puis là, puis là, et quand elle l'avait attrapé, bien c 'était ...
A.P - Et le troisième était derrière avec un bois pour taper sur le bout du manche du balai pour l'emmancher ...
Plus tard, on a dansé une danse moins traditionnelle aux effets assez inattendus.
R.H. - On avait dansé euh ! ... kimin s 'kon loumève ci danse-là, don avou li p'tite Adline la li ... aïe, c'est ça : li spirou !
Djavins foncé l'plantchî, èt alors, kan djavins avou terminé, davins fé one collèque èt c 'est Mochtenne k'éve rifait l'plantchî ...
Caser tout son monde dans la chambre devait poser certains problèmes.
E. Y. - Oh ! bin gn 'eve li comptoir et to t 'rappelle kan y djouin bal, ki s'estéve Lidjwê di Grinbiémont k'estéve su l'prèmîre marche êt ki djouéve di l'accordéon là ?
G.L. - Dji m 'rappelle ko on kon mi ki s'estéve bal paski dj'estéve assis sur les montèyes do l'tcham'me, enfin les montèyes do plantchî êt alors s'estéve onk di mon Nozet mais dji n'sé pu l 'ké ki djouéve do violon. Dji n'sé pu ki k'sestéve mais s'estéve onk di mon Nozet.
A.L. - Dont s 'estéve on Nozet ?
E.Y. - Paski mi dji m'rappelle bin, kan y d'jouin bal, s'estéve divant l'guinrre in, paski Célina n'estéve nin ko marièye ni ko Adeline."
Ainsi, jusqu'avant la seconde guerre, le violoneux Nozet a fait danser la polka, le scottish, la mazurka, le quadrille, la valse, la danse du coussin et des papiers blancs, la palisse en coin, la polka des "d'chvons", la danse du ramon, et les anciennes danses telles que la maclotte et le jardin d'amour déjà présent dans le manuscrit d'un autre ménétrier local Jean-Guillaume Houssa.
Cette recherche menée par quelques habitants a débuté au début des années 1980 et si certains informateurs atteignaient un âge respectable, d'autres étaient. de jeunes sexagénaires :
Roger Herrin est né en 1920, Olga Nozeret en 1922, Octave Lepropre en 1898, Adelin Petit en 1911. Céline Houard en 1912, Léa Houard en 1908, Eloi Yasse en 1928, Georges Lamborelle en 1931.
Voilà, prenez cette information comme une simple information et tirez-en les conclusions que vous voudrez.
Thierry Legros 071/21 54 28
("Si Gènes m'était conté" éd. Groupe d'histoire collective du Luxembourg. Rossignol 08/1983)
NDLR : après avoir reçu cet extrait, nous avons contacte différentes personnes du milieu folk pour savoir si quelqu 'un s 'était déjà intéressé à ce village. A commencer par Thierry Legros qui. tout comme Claude Flagel. Walter Lenders. Marc Malempré. Jenny Falize. Bernard Vanderheijden. Roger Hourant et Françoise Lempereur (svp. n 'en déduisez pas que ceci est une liste exhaustive ae collecteurs !). a répondu par la négative. Thierry ajoute que le livre contient les noms et adresses des personnes qui ont réalisé cette étude d'histoire locale. Conseillons très vivement aux intéressés de le contacter. et de ne pas se lancer tête baissée dans des visites mal préparées. Toutes les énergies (et il n ;v en aura sans doute pas beaucoup) seront certainement les bienvenues.
M Bauduin