CF 1 (novembre 1982)
Dans le cadre diune présentation régulière des groupes musicaux belges, nous avons rencontré Paul Claeys, du groupe
Les Bousineus ont beau être un groupe amateur, ils ne sont cependant pas. loin de ressembler à un grand orchestre. Huit musiciens se partagent les instruments suivants, traditionnels ou non: violon, violon à busette, vielle à roue, épinette, accordéons diatonique et chromatique, cornemuse, flûtes, clarinettes, saxophones, taragot (instrument hongrois à anche), tuba, ophicléide, trombone, tambour, sonnailles et rommelpot !
La résultat fait frémir ceux qui estiment que les airs traditionnels doivent être joués dans leur forme ancienne. Par contre, il risque de laisser indifférents des gens qui, tels Rum ou De Snaar, paraissent à Paul Claeys plus préoccupés par les impératifs du "spectacle" que par la réalité populaire. L'essentiel pour les Bousineus est d'avoir un contact direct avec le public, d'exprimer son mode de vie et de lui permettre de réagir.
Donc, peu importe que l'union de la vielle et de saxophone semble déplacée à certains. L'important est qu'il semble correspondre à un goût populaire. Si. le saxophone avait existé au 16e siècle, le musicien populaire de cette époque l'aurait utilisé ! D'autre part, le groupe essaie d'éviter toute sophistication qui l'éloignerait de son public. Ainsi, il refuse autant que possible toute manipulation électrique. L'harmonisation des morceaux est d'ailleurs faite en fonction de la variété des instruments et de leur volume sonore. A ce propos, le violon à busette est spécialement intéressant : ce violon sans caisse de résonance a une portée directionnelle, supérieure à celle du violon habituel. Les airs, eux, sont pour la plupart belges (wallons et flamands).
Ce goût du folklore belge, les membres des Bousineus ne l'ont pas toujours eu. Certains d'entre eux ont d'abord fait partie de groupes de danses folkloriques; à cette époque (il y a une quinzaine d'années), on s'intéressait beaucoup plus aux danses d'Europe centrale qu'aux danses belges. Des rencontres internationales de danseurs avaient régulièrement lieu. C'est ainsi que des futurs Bousineus se rendirent un jour à un festival-concours de danse en Hongrie. Pour pouvoir concurrencer le côté spectaculaire des danses hongroises, ils construisirent des géants (Achille et Pélagie, qui font encore leur apparition aux Fêtes Breugheliennes). Et surtout, ils eurent d'intéressants contacts avec un chorégraphe hongrois qui leur explique la tradition nationale (cf. Bartok et Kodaly entre autres) de lier la danse au mode de vie et qui les encourage à faire de même en Belgique.
Le résultat de tout ceci est un répertoire à classer en trois catégories:
- l'animation des fêtes de quartier (quartier Breughel, Fête des Fleurs...)
- les bals (danses belges), principalement pour des mouvements de jeunesse ou pour des mariages (Ce genre de mariages champêtres semble devenir à la mode dans certains milieux)
- les concerts (créations originales)
Le groupe se déplace surtout à Bruxelles et en Wallonie. Il bénéficie de bons contacts individuels en Flandre, au point qu'il est répertorié par l'administration néerlandophone sans l'être du côté francophone! Il envisage peut-être de se faire reconnaître par "les tournées Art et Vie", mais le problème, puisqu'il est amateur, est que ses principales dépenses consistent en l'amortissement des instruments, alors que le Ministère considère que les instruments sont la propriété d'individus et non d'un groupe: le budget à présenter officiellement serait donc miniscule ...
Enfin, les Bousineus se déplacent occasionnellement à l'étranger: ils étaient présents au festival de Maurienne (en France) et le seront également l'an prochain en Dordogne, au festival de danses de Montignac. Ils préparent un "spectacle intégral": orchestre, géants, danseurs et théâtre de marionnettes qu'on aura l'occasion de voir en Belgique.