CF 27 (mars 1985)
Le 17 mars prochain, le DANSGROEP LANGE WAPPER d'Anvers dansera pour la seizième fois la traditionnelle danse des épées. Il s'agit ici d'une reconstitution d'une danse médiévale qui fut très répandue dans nos régions, plus particulièrement pendant les XV et XVI siècles.
Nous pouvons retrouver dans les comptes communaux et ecclésiastiques de nombreuses références aux activités de ces "Zweerddansers". La plus ancienne mention date de 1389 et se situe à Bruges. En cette année, les "sciplieden" (marins) "speelden met zweerden" (jouaient aux épées) au "vastenavond" (la soirée précédant le mercredi des cendres).
La mention la plus récente date de 1802, lorsque les danseurs d'épées de Tongres apparaissent dans un cortège dans leur propre ville, sans pouvoir danser, parce que les autorités françaises les ont démunis de leurs armes.
Nous connaissons une bonne centaine de lieux, surtout en Flandre occidentale et orientale, où existait une société de danseurs d'épées et où ces danseurs ont donné des représentations. Mais la danse était également exécutée un Wallonie. Nous savons qu'à Namur et à Dinant de tels groupes existaient.
En Campine se danse encore maintenant une véritable survivance de la danse des épées, le TRAWANTEL, une danse exécutée par six hommes joints par des bâtons et dans laquelle on emploie également un cerceau. L'accompagnement, par le tambour seul, donne aux représentations de cette danse un caractère très rituel et sévère.
En Wallonie, on peut retrouver de pareilles survivances dans la "danse des pèlerins" à Marbisoux, Marbais et Villers-Perwin. Une danse semblable au Tarwantel fut autrefois dansée à Waremme.
Ne vous y trompez pas : quand un parle de danse des épées, il ne s'agit pas d'une danse pyrrhique ou guerrière. Non, les danseurs utilisent les épées pour former un cercle en présentant la pointe de leur propre épée au voisin. En dansant et en formant différentes figures (passer au-dessus et en dessous d'une épée, formation de "ponts", etc..) les épées ne se lâchent point !
A la base de la danse anversoise se trouve une chorégraphie de l'auteur. La danse dure maintenant à peu près 20 minutes et contient 10 figures, dont la plus spectaculaire est la finale, lorsque le chef des danseurs monte sur les épées entrelacées et qu'il déploie un drapeau représentent le bourg d'Anvers, pendant qu'il est hissé au-dessus de la tête des danseurs.
La danse est presque exclusivement exécutée à Anvers, au Handschoenmarkt et à la mi-Carême. Le groupe ne la présente que rarement. Les sorties sont plus particulièrement réservées aux festivals dans le cadre des danses des épées.
Il y a ce matin-là, dans les petites rues autour de la cathédrale d"Anvers, une ambiance très particulière : le son des cornemuses, vielles, flûtes et violons résonne partout.
On entend les grelots des danseurs : habillés en blanc, avec des ceintures rouges à la taille et aux jambes ils se dirigent vers la place au pied de la tour de la cathédrale (Handschoenmarkt). C'est là, en plein air, que se déroule le spectacle : à 8h40, 9h40, 10h30, 11h20, 12h et 12h50 !
Il faut s'habiller chaudement et se munir d'un parapluie car, quel que soit le temps qu'il fait, la danse est exécutée !!!
La gaieté est assurée par le bouffon, habillé en jaune et bleu, qui taquine constamment le cheval-godet, qui joue le rôle de policier.
Il y a encore bien des choses à raconter sur les danses des épées, mais nous préférons inviter tous nos amis du Canard Folk à nous rejoindre le 17 mars; qu'ils emmènent leurs instruments de musique et nous retrouvent entre les représentations dans le local Den Hapsack, Grote Pieter Potstraat 24, à Anvers, naturellement
Renaat Van Craenenbroeck.
Un album photo consacré à la danse des épées anversoise vient de paraltre : 68 pages dont 48 illustrées et une notice en néerlandais. A obtenir chez R.Van Craenenbroeck au prix de 400 FB.