CF 39 (avril 1986)

Les Ouvriers Réunis

Les Ouvriers Réunis forment une association de musiciens dont la raison sociale est un G.S.G. (Groupe Sans Gains). Né tout à la fois du hasard et de la nécessité, cet ensemble instrumental (et vocal) contient quatre sous-ensembles composés chacun de deux éléments que nous désignerons par "l'instrumentiste" et "son instrument". Cet axiome étant posé, nous pouvons maintenant en décrire les propriétés et les applications. Partons des instruments qui sont au nombre de quatre, soit un accordéon, une guitare, une cornemuse et un violon. Nous pouvons aussitôt en déduire que les quatre instrumentistes seront un accordéoniste, un guitariste, un cornemuseux et une violoniste. On est en droit de se demander ce que peut bien produire la rencontre en milieu homogène de ces huit éléments. En pratique, le résultat dépend essentiellement du degré d'acétone contenu dans l'élément 6 (le guitariste). Si le taux est raisonnable, cela produit de la musique traditionnelle wallonne. S'il est légèrement supérieur, on peut logiquement prévoir la formation de résidus de swingmusette. Lorsqu'il atteint un niveau nettement supérieur à la moyenne, la réaction peut devenir explosive et donner lieu à de fortes émanations de sonnets paillards. Les musiciens, cependant, peuvent facilement se prémunir des effets toxiques imprévisibles en ingurgitant préalablement et en quantité suffisante une potion composée de levure, d'orge malté, de houblon et d'eau (celle-ci est délivrée sans ordonnance dans toutes les bonnes officines).

MICHEL MOUVET

Humanoïde du type cybernanthrope. Il est originaire de la planète BHER-ZEE astéroïde répertorié sous le numéro 6424 par les astrofacteurs. Ayant un jour dû se poser sur la Terre suite à une panne de soubock, il s'y trouva bien et décida d'y séjourner quelque temps. Son passe-temps favori consiste à jouer d'un curieux instrument de musique originaire de sa galaxie et qu'il nomme accordéon. De quoi s'agit-il?

"Accordéon" est en fait un mot composé de deux termes soit "accord" et "éon". Un accord est un ensemble d'au moins trois sons, ils sont appelés consonnants quand ils sonnent "cons" et dissonnants quand ils sonnent "diss" . Quand à l'éon (à ne pas confondre avec Léon, celui qui met deux verres) il s'agirait selon les spéculations actuelles des physiciens du CNRS d'une sorte d'électron pensant. On n'a cependant pas encore pu déterminer ce qu'il pensait. L'activité principale de notre accordéoniste consiste à réparer des instruments de musique électroniques, tâche dont il s'acquitte avec une efficacité délirante.

JEHAN NICOLAS BALESTIN

Après la personnalité quelque peu nébuleuse de notre accordéoniste, passons à celle, fabuleuse, celle-là, de Jehan Nicolas Balestin. Ceux qui le connaissent bien savent qu'il s'agit là d'une curiosité de la nature telle que la Terre n'en produit qu'un exemplaire ou deux tous les dix mille ans. Descendant très indirectement d'une haute branche de l'arbre généalogique des comtes Von Balenstein (établis actuellement en Argentine) son nom, pour des raisons encore obscures, a été francisé en Balestin. Sa biographie se confond curieusement avec celle d'Orphée dont certains osent avancer qu'il serait une réincarnation. En effet, comme Orphée, il joue fort harmonieusement de la guitare au point que les corbeaux, les chiens, les vaches et même les poules viennent l'écouter et tombent sous son charme. Il recherche depuis quelque temps un apiculteur nommé Harry Stay, dans le but avoué de lui faire subir un sort peu enviable. Fréquemment sollicité par des Ménades marcinelloises, il fabrique en outre avec dilection de fort beaux viclons.

DANIEL SELIS

Egaré on ne sait comment du récit des faits et prouesses épouvantables du bon Pantagruel, roi des Dipsodes et abstracteur de quinte essence, voici l'énaurme Daniel Sélis. Il a fait sienne la devise du bon Panurge : "La cornemuse non suona mai, s'ela non il ventre pieno". Sentence qu'il serait inconvenant de traduire ici. Tel Ulysse commandité par le roi Eole, il emporte avec lui les quatre vents enfermés dans l'outre de sa cornemuse en ayant pour mission de ne les en laisser sortir que sous forme de musique ensorceleuse. Musicothérapeute et collègue de Marsyas, il orchestre le défoulement collectif et connaît les secrets du pouvoir cathartique de la musique.

VERONIQUE ENGLEBIENNE

Et voici la petite dernière, une jeune fille simple et bonne qui ne demandait rien à personne, dont on n'osait espérer l'arrivée, l'égérie des musiciens. Nous savons tous que Véronique est une petite fleur bleue croissant dans les clairières, les sous-bois et les pâturages. D'après de savants ouvrages de phytothérapie, son action est aromatique, excitante et amère. Mais on ne la trouve pas que dans la nature, parfois nous la rencontrons dans les salles de classe où elle enseigne le dessin et dans les cabarets de la ville haute, vidant son tonneau telle une Danaïde. Elle joue délicieusement d'un violon acheté à crédit, dont les cordes paraît-il, sont filées de cheveux de fée. Si vous la croisez au détour de votre chemin méfiez-vous quand même de son coup d'archet.

LE CABARET

Quoique le public ait parfois l'impression que ce genre de spectacle est quelque peu tombé en désuétude, il est toujours ravi de le retrouver. Il est en effet bien agréable de déguster quelques petits verres avec des amis en écoutant de la musique. Ce qui souvent compromet la réussite de ces représentations est la difficulté pour le patron à trouver son compte tout en faisant plaisir à ses clients. Aussi avons nous mis sur pied une formule qui comblera d'aise les Huns et les autres (Attila laisse ta petite soeur tranquille ! ). Nous proposons deux heures de musique réparties en quatre demi-heures espacées entr'elles d'une demi-heure d'entracte. Le cachet est fixé lors d'un contact préalable en fonction du nombre de places et des possibilités de l'organisateur. Il n'est pas nécessaire, vu les dimensions habituelles des lieux, de prévoir une sonorisation, il suffit de nous ménager un petit coin avec quatre chaises et quelques rafraîchissements.

LE CONCERT-CONFERENCE

Suite à plusieurs demandes nous avons conçu un spectacle quelque peu particulier où notre répertoire illustre abondamment un exposé sur la musique traditionnelle en Wallonie. Ce concert est construit autour de deux axes qui s'entremêlent tout en suivant une progression historique allant du Moyen Age à l'époque actuelle. Ces deux axes sont respectivement les instruments de musique spécifiques et l'évolution du répertoire. Les instruments présentés et joués sont la cornemuse, la vielle à roue, l'épinette, le violon, l'accordéon (diatonique et chromatique) et la guitare. Munis de ces véhicules, nous voyageons à travers la musique instrumentale de circonstance, la musique domestique, et la musique de danse. Nous sommes quatre pour présenter ce spectacle d'une heure et demie.

 

LES ANIMATIONS

C'est la grande spécialité des Ouvriers Réunis. Nous animons foires, banquets, mariages, marchés, expositions, réunions et manifestations festives en tout genre aussi bien privées que publiques, en plein air (quand le temps le permet) ou en salle. La composition instrumentale du groupe nous permet de jouer assis parmi le public, déambulant entre les tables (attention toutefois au tirant d'eau du cornemuseux), marchant dans un cortège (nous sommes du plus bel effet), à plusieurs endroits fixes successifs et même sur une scène. Lorsque nous jouons sur scène nous aimons bien être assis (une chaise par musicien suffit), le confort des musiciens ne pouvant qu'augmenter encore la qualité de la musique. Aucune amplification n'est nécessaire pour ce type de prestation, nous demandonscependant à ne pas être postés en dessous d'un haut-parleur diffusant du disco a tue-tête.

LE BAL

Nous vous proposons une formule de bal mixte présentant de la musique folk et du musette où polkas, scottishs, valses, marches, tangos et farandoles se succèdent sans désemparer et ce, pendant quatre heures (de temps en temps nous arrêtons dix minutes, pour satisfaire un besoin physiologique qu'il est inutile d'expliciter.) Le bal peut se dérouler en salle, sous chapiteau ou en plein air (toujours quand le temps le permet). La présence du podium ou d'une scène de cinq mètres sur deux (au moins) ainsi que d'une sonorisation est impérative. La sonorisation est à fournir par l'organisateur qui jugera de la puissance nécessaire, quant à l'orchestre il devra disposer d'au moins quatre micros directionnels montés sur pied "girafe".