CF 48 (février 1987)
Yvan-Louis Druart, qui inaugure ce mois la rubrique "le coin des violonoeuds", nous envoie une présentation de son groupe parue dans un journal régional.
"Jug of punch" : une impulsion originale
"Jug of Punch", une "tasse de punch" en irlandais, ou, en argot américain, "prisonnier de l'ambiance". Pour quatre musiciens du Hainaut, c'est le nom de leur groupe, le titre d'un morceau important de leur répertoire.
Le groupe rassemble quatre jeunes : Vincent Curatolo, le dernier arrivé, à la basse, Yvanis Jolipret, guitare classique "back-up", Marian Arbait, guitare soliste et Yvan-Louis Druart, violon et banjo, qui est aussi le leader et initiateur de Jug of Punch. Je l'ai rencontré, chez lui, à Boussu, où il m'a parlé de cette formation qui se distingue en de nombreux points des groupes de musique habituels.
Différence, d'abord, par le genre : leur musique ne s'apparente à aucun style bien particulier mais constitue plutôt un mélange de diverses sources d'inspirations qui servent de points de référence : à la musique traditionnelle irlandaise s'ajoutent l'influence du blue grass (forme commerciale du folklore américain, qui a des règles très strictes au niveau du style, de l'exécution, du nombre de musiciens, etc.).
Celle du ragtime (en ce qui concerne les pièces classiques de banjo) et ce qu'Yvan-Louis appelle le "petit jazz" car les arrangements et compositions qu'ils créent sur ces bases possèdent une touche personnelle, unique, par l'utilisation de gammes et modes synthétiques, jamais employées en musique tonale. C'est cette impulsion personnelle qui donne à la musique de Jug of Punch une dimension complètement originale.
Un groupe soudé
Différence, aussi, dans le but du groupe et son état d'esprit. Dans les formations où il jouait précédemment, Yvan-Louis ne rencontrait qu'aspiration commerciale, besoin d'argent et de célébrité.
Dans son optique à lui, l'essentiel est d'arriver à jouer une musique personnelle, qui le satisfait, et qui peut, par la suite, se découvrir un public éventuel. Mais c'est facultatif.
Avec un tel objectif, le choix de partenaires n'était pas évident : mais le groupe, actuellement, semble très soudé, même s'il rame à contre-courant des idées commerciales.
Les musiciens du groupe sont d'abord passés par une formation classique sauf pour la technique du violon et du banjo.
"J'ai été un jour à l'académie pour prendre un cours de violon, je n'y ai plus remis les pieds ensuite" explique Yvan-Louis. Pourquoi ? "le professeur enseignait de la technique, sans plus. C'était un jeu plat, triste, sans style. Une reproduction mécanique.
J'ai préféré apprendre par moi-même, en m'inspirant, au cours de séjours aux Etats-Unis et en Ecosse, du violon populaire. De. toute façon, je joue de manière intuitive. C'est une impulsion personnelle qui n'est pas une question de technique mais de "feeling".
Libre comme le vent ...
La virtuosité. Indispensable pour les membres de Jug of Punch. Une virtuosité qui ne s'acquiert que par le travail, les répétitions à perte de vue, jalonnées seulement de quelques concerts. En quête de cette perfection qui procure une jouissance personnelle, avant tout, à ces quatre artistes.
"Je travaille en moyenne 4 à 6 h par jour. Les partitions écrites sont nécessaires pour gagner du temps au niveau du travail de groupe mais elles ne servent que de canevas de base".
Pour eux, pas question de jouer deux fois un morceau de la même façon. C'est d'ailleurs un des attraits du banjo, pour Yvan-Louis. Cet instrument très difficile, très exigeant à tous points de vue, n'a pas d'accordage fixe. "On peut en changer la sonorité d'un morceau à l'autre".
Ce groupe insaisissable et libre comme le vent (pas de contrats ! Ca tue l'art) revient d'une tournée de concert réalisée en Ecosse durant tout le mois d'août. Accueilli chaleureusement, il a déjà reçu en septembre la visite d'un groupe écossais rencontré là-bas. Une dernière question. Pourquoi 1'Ecosse ? "Tradition, famille, gènes héréditaires."
L. Journé.
Contact : Yvan-Louis Druart,
87 rue Dorzée, 7360 Boussu
tél.: 065/78.35.37.