CF 53 (juillet 1987)
Raymond Honnay : violon
Luc Pilartz : cornemuse, violon
Charlie Richter : guitare
forment à eux seuls l'unique et irrésistible Verviers Central, un groupe wallon aussi récent qu'original, que nous vous présentons ce mois-ci.
Vous connaissez probablement Raymond et Luc, qui ont animé plusieurs stages d'instrument; Luc animera d'ailleurs le stage de cornemuse à Neufchâteau, en juillet.
Leur prestation au Paradoxe (un resto végétarien), à Bruxelles, était l'occasion de les rencontrer. Ils sont arrivés en costume et cravate, comme sur la photo ...
Q.: Pourquoi avoir choisi cette tenue ?
R.: C'est une tenue passe-partout, tout comme le nom Verviers Central est passe-partout : on peut se présenter devant tous les publics, on peut jouer chez un ministre comme ça ! Mon costume vient de l'armée du salut ...
Q.:Vous vous connaissez depuis longtemps ? Quel est votre passé musical ?
R.:Luc et moi, nous nous connaissons depuis une dizaine d'années. Charlie, demuis un an environ. J'ai fait partie des Pelleteus, et de plusieurs autres groupes d'autres genres. Frénésie, entre autres, tu connais ? C'était un groupe comique, avec des petits lapins ...
L.: J'y jouais à l'Ecossais, avec ma cornemuse, pendant quelques secondes, le temps de passer devant la scène
R.:On a formé aussi, à deux, Magonnet et Gena, du nom de deux brigands wallons. Mais ça n'a pas duré longtemps.
L.: J'ai joué avec Lu Gaw pendant un an, il y a peut-être 10 ans de cela.
Q.: Tu fais aussi d'autres genres de musique, du jazz notamment ?
L.: J'essaie (répond-il modestement) ... J'ai joué du jazz avec le pianiste Jean-Christophe Renaud et un percussionniste brésilien qui est rentré dans son pays, ce qui fait que le groupe n'existe plus.
Leur combat contre les couteaux et les fourchettes, ce soir-là, s'est déroulé en quatre manches. Une prestation semblable à celle de la Samaritaine, quelques semaines plus tôt, à deux exceptions près : il y manquait les grimaces et pitreries de Luc Pilartz (capable d'être clown et virtuose en même temps), et la désopilante caricature d'un concours Reine Elisabeth. Normal, puisque cela suppose une certaine attention de la part du public, qui pour l'heure tentait de satisfaire à la fois son estomac et ses oreilles.
Ce qui étonne, c'est la diversité du répertoire de Verviers Central : on y relève des morceaux roumains, hongrois, serbo-croates, auvergnats, charentais, suédois, wallons, plusieurs contredanses françaises ou anglaises, des airs médiévaux, des compositions récentes ...
Q.: Comment se fait-il que vous, qui habitez au fin fond de la Wallonie, jouiez si peu d'airs wallons ? Ne vous sentez-vous pas un peu responsables de la promotion de la musique wallone ?
R.:Tu sais, pour moi, le répertoire wallon est éculé, dans le sens où tout le beau répertoire a déjà été joué; de plus nous ne nous présentons pas comme un groupe de musique wallone, mais de musique tout court. Ca ne veut pas dire que je ne trouve pas la musique wallonne jolie. D'ailleurs, nous jouons deux jolies mélodies wallonnes (les passe-pieds de Stavelot et de la poule noire). Il est fort possible qu'à l'étranger, notre répertoire comporte plus de musiques wallonnes ...
L.:Simplement, on joue ce qu'on aime. Il se fait qu'on joue assez bien de contredanses, car c'est là-dessus que notre travail a débuté. C'est beau les contredanses, c'est raffiné ... et ça peut avoir un côté surprenant aussi.
Q.:Comment avez-vous appris le violon ? Avez-vous une formation classique ?
R.:J'ai appris le violon quand j'étais petit, et je pratique régulièrement des exercices classiques. Mais j'ai surtout appris en regardant des gens jouer, je me suis beaucoup déplacé pour voir des violonistes.
L.:C'est vrai que la formation classique est très utile, c'est incontestable. J'essaie d'aller régulièrement à l'Académie.
Q.: Comment construisez-vous vos arrangements ? Quelqu'un les écrit-il d'abord ? Qui a arrangé, par exemple, cette contredanse à la sauce Mozart ?
L.:En général, les arrangements se trouvent assez spontanément, chaque instrumentiste trouvant ce qui lui parait le mieux, ensuite on en discute et on s'arrange toujours. Pour la Mozart, ç'a été la même chose, à partir du moment où l'on pense Mozart, on joue comme si c'en était et voilà.
Ch.:En entendant un morceau, on voit assez vite ce qu'on peut en faire.
Q.:Que pensez-vous des musiciens folk actuels, et des stages ?
R.:En fait, il y aurait beaucoup de choses à dire; je pense qu'il y a des gens qui font de très bonnes choses en folk dans le domaine de la recherche, etc ... par contre, il y en a qui, sur des musiques folk, réinventent le jazz ou la variété, il y a un manque d'autocritique, et pour certains, c'est aussi une question d'emploi qui fait qu'il faut durer, ce qui ne va pas toujours dans le sens de la qualité. Les stages, je trouve ça bien, mais ça manque d'enthousiasme. C'est normal, des gens pensent qu'en venant apprendre du violon en un week-end tous les trois mois !!! Les gens qui viennent devraient savoir ce qu'ils veulent apprendre, en écoutant des musiciens traditionnels sur d'anciens enregistrements, par exemple. Enfin il faut tout de même dire que c'est drôlement chouette de voir tant de gens avoir envie et jouer de la musique.
Les gens jouent des morceaux qui n'ont pas d'histoire. C'est dommage! Quasiment tous nos morceaux, sauf bien sûr les contredanses, ont une histoire : quelqu'un l'a composé pour nous, ou nous l'avons appris d'un copain ...
Q.:Il semble y avoir pas mal de musiciens dans votre région ?
L.:Oui, il y en a beaucoup. C'est une grande famille. Quand on fait de la musique, on boit, c'est la fête !
Ci-dessous, un tract paru à une époque indéterminée