CF 7 (mai 1983)

NAM

Gérald Vande Walle entre dans le café. Malgré son costume-cravate (travail oblige), je devine tout de suite que c'est lui que j'attendais. Il ressemble assez peu, finalement, aux autres employés costumés qui viennent dîner ici. Un bon point pour lui !

Se déplacer quotidiennement de la région namuroise à Bruxelles pour son travail, faire en plus son boulot de conseiller provincial écolo : lui reste-t-il encore du temps pour s'occuper d'un groupe de musique? Ben oui, puisque Nam se porte bien, dans le cadre limité de ses ambitions.

Le groupe est issu du club des jeunes de la maison de la culture de Namur, où fonctionne un atelier de danses folkloriques.

Un jour (c'était avant la mode du folk de 76-77), trois musiciens membres de ce club décident de jouer ensemble pour animer les danses de l'atelier (au départ, principalement des airs américains). Puis d'autres se sont ajoutés, pour finalement former le groupe actuel :

Jean-Luc François, cheville ouvrière du groupe (épinette et guitare), Charles Alexandre (violon, flûte), Jules Dessaint (accordéon diatonique), Philippe André (guitare) et Gérald Vande Walle (flûte, banjo).

Le répertoire actuel, moins ancien qu'auparavant, est composé de danses wallonnes, françaises, flamandes et américaines, et accessoirement irlandaises. Gérald a appris des danses à l'école (de vacances) des cadres de la province de Namur, qui forme des moniteurs et des animateurs. Suivant le public, les danses proposées sont plus ou moins compliquées.

Rechercher un style wallon? Non, dit Gérald : il en reste peu de choses, même nos grands-parents ne s'en souviennent pas. Le principal est l'état d'esprit dans les bals : un esprit plus communautaire, de fête, à l'inverse de l'atomisation présente de la société. Des figures sont parfois inventées. Et puis, les gens dansent comme ils veulent. Nam est un groupe d'animation !

"Nous ne sommes pas des musiciens confirmés. Pour nous, la musique est un passe-temps, une manière de s'amuser. On joue de manière simple, sans fioritures, sans arrangements compliqués, simplement pour faire danser les gens, pour les faire entrer dans le jeu.

Si tu veux, nous voulons être comme les anciens djoueûs, les joueurs de violon et d'autres instruments qui animaient les kermesses d'antan."

Nam ne fait pas de promotion, ne recherche pas d'engagements. Ils attendent qu'on leur demande de jouer. Avant, ils se produisaient pour un public plus large, tel celui des fancy-fairs.

Parfois, l'organisateur ne connaissait le groupe que de nom, sans savoir de quel genre de musique il s'agissait. Ainsi, un jour, ils ont joué à l'hôtel Westbury à Bruxelles, pour des gens habillés en smoking.

Maintenant, les contrats émanent plus d'un milieu proche du folk. Ils ont d'autre part quelques contacts avec des groupes de danses folkloriques.

-"On dit toujours qu'il ne se passe rien à Namur. C'est vrai, ça?

- Mais non! Namur n'est pas une région lente. Notre accent en donne peut-être l'impression; peut-être aussi les gens sont-ils un peu froids d'abord. Mais il ne faut pas oublier que c'est chez nous qu'avait lieu le Temps des Cerises, par exemple .

- Il y a aussi les 40 Molons à Namur, non ?

- Oui, mais disons qu'ils sont d'un milieu un peu différent; bon, leur concours de menteries est bien connu. Mais leurs membres sont tous d'un certain âge, ils forment peut-être un cercle plus fermé ... mais ce n'est qu'une impression que j'ai.

- Enfin, quelle est votre attitude vis-à-vis des subsides d'Art et Vie ?

- Avec l'équipe précédente, nous avions entamé des démarches pour nous faire reconnaltre. Nous sommes d'ailleurs une asbl, pour éviter les problèmes de fisc. Puis il y a eu le creux de la vague, et maintenant c'est reparti.

Le problème avec ces subsides, c'est que beaucoup de groupes augmentent leur cachet après avoir été reconnus, ce qui n'aide pas les organisateurs. Nam a un cachet modéré et, s'il était reconnu, ne l'augmenterait pas."