CF 8 (juin 1983)
La première de ces rencontres eut lieu en décembre dernier, et la dernière début mai. Alain Debaecke, l'organisateur, n'est pas certain qu'il y en aura encore après les grandes vacances. Aussi est-ce le moment de se poser quelques questions.
La première fut un succès de foule. Une foule de musiciens, une foule de danseurs. Quoi de plus normal ? Les soirées folk ne sont tout compte fait pas si fréquentes que ça (même dans la capitale) surtout en dehors de certaines périodes bien délimitées. Le projet valait donc la peine d'être soutenu !
Par moments, une quinzaine de musiciens jouaient ensemble. Très chouette ! Les morceaux qu'on entendait alors étaient... ceux que les quinze avaient en commun, c'est-à-dire essentiellement des airs appris aux stages de Neufchâteau.
On en a vite fait le tour, de ces airs hyper-connus. Et l'idée de les entendre chaque mois avait quelque chose d'un peu ... angoissant. Allait-on assister à une répétition mensuelle de Neufchateau, en plus petit bien sûr ?
Cela aurait écorné l'aspect exceptionnel du stage des grandes vacances, mais surtout cela aurait mis en évidence une lacune certaine dans la transmission des airs. Un répertoire, en principe, se modifie plus qu'une fois par an ...
D'où l'intérêt supplémentaire de ces rencontres. Chaque mois, un thème est donné. On le travaille aux ateliers qui précèdent la bal : airs et danses wallons, québecquois, berrichons, anglais, flamands ... Cela devait permettre un élargissement progressif du répertoire commun.
Or, que constate-t-on? A la fin, les gens venaient nettement moins nombreux qu'au début. Normal, direz-vous... Le nombre de ceux qui viennent aux ateliers a décru aussi. Certains animateurs d'ateliers ont déserté, d'autres ... ne sont jamais venus !
Faut-il les critiquer? C'est vrai que celui qui s'amène tout seul à l'atelier avec son instrument, sans qu'il y ait d'animateur, ne sera pas tenté de revenir la prochaine fois. C'est vrai aussi que ce n'est pas joyeux pour l'animateur de se tourner les pouces pendant une heure, en attendant des musiciens qui ne viennent pas.
Et puis, cette attitude a au moins un mérite :elle affiche clairement un manque d'intérêt pour une certaine forme de transmission des airs.
D'ailleurs, les bons musiciens ne sont quasiment jamais venus aux ateliers. Ils sont venus de temps en temps au bal, pour s'amuser. Dans le meilleur des cas, ils se torturent la cervelle pour jouer les quelques morceaux qu'ils ont en commun avec les autres; ensuite, c'est chacun à son tour qui anime le bal, pendant que les autres dansent ou écoutent.
"Tiens, c'est pas mal, cet air! Y a un chouette passage dans la montée, là ... et avec les fioritures, ça donne bien ... Wouaw, dis donc, quelle descente de basses ! ... Mais mon cher, tu es un véritable virtuose !"
Ce n'est évidemment pas en plein bal que la plupart des gens vont apprendre des airs. Mais alors, où donc les apprennent-ils ? Vous le savez aussi bien que moi : au détour d'un disque, ou chez un ami, ou par les autres membres du groupe, ou dans un autre atelier ...
Il y a ainsi une série de cercles plus ou moins ouverts qui ont leur propre repertoire : les habitués d'un stage (Neufchateau, Martué, etc), d'un atelier, et évidemment les groupes de musique (ou de danse, si on parle du répertoire de danse).
Et le mélange de ces différents répertoires se fait difficilement. Peut-être est-ce en partie une question de temps libre. Venir un atelier demande en effet un certain effort, et venir à deux ateliers, même une seule fais par mois ...
Il y a sans doute aussi un manque d'ouverture plus ou moins conscient ou inconscient. Inconscient dans la mesure où on s'ouvre moins facilement aux gens qu'on ne voit pas régulièrement. Conscient dans le cas où un groupe de personnes refusent de diffuser certains airs, non seulement pour se récompenser eux-mêmes du travail de recherche fourni, mais aussi afin de préserver leur image de marque, par peur de la "concurrence". Les tenants de cette dernière attitude manquent probablement d'imagination musicale.
De toute façon, le but ici n'est évidemment pas de faire de la morale, mais bien de voir de quelle manière pourraient se dérouler les prochaines rencontres, après les grandes vacances.
La formule du bal mensuel avec un thème régional donné paraît séduisante. Les ateliers par contre devraient être repensés.
Peut-être pourrait-on organiser en début d'année, une grosse séance d'enregistrement des airs qu'on se propose d'apprendre (quelques airs par région, avec différents degrés de difficulté). Histoire de les apprendre à l'aise, quand on a le temps et l'envie.
Ensuite, si des gens le souhaitent, on peut organiser des ateliers ... mais pas nécessairement lors des rencontres. Certains airs pourraient d'ailleurs être travaillés dans d'autres ateliers déjà existants.
Quant au bal, il pourrait être décentralisé. Pourquoi aurait-il lieu toujours à Bruxelles ? Si des gens se donnent la peine de trouver une salle dans leur région, la rencontre pourrait très bien s'y dérouler.
Tout ceci suppose bien sûr qu'un certain nombre de personnes parmi vous se sentent prêts à donner un coup de pouce à l'organisation de ces rencontres, ne fût-ce qu'en proposant une salle, une idée d'organisation, un air à jouer, une danse à ... danser, etc.
Transmettez donc vos propositions et vos avis - sinon, comment savoir ce que les gens veulent ? - à Alain Debaecke, 90 rue Middelbourg, 1170 Bruxelles. Il n'attend que ça !