A l’occasion des 25 ans de Rif’zans l’Fièsse nous avons interviewé Ben Urbany, « la mémoire de RZF » comme le dit si bien l’actuel président Eddy Willems. C’était aussi l’occasion d’une grosse activité au centre culturel d’Ans-Alleur, avec un stage (gros succès), un barbecue et un bal animé par Bogus et KV Express. Un bal avec pas mal de jeunes danseurs, que l’association arrive à attirer grâce à une programmation variée. Le renouvellement de la population folk semble assuré !
Marc Bauduin
Q : Peux-tu exhumer pour nous l’acte de naissance de RZF ? C’était quand, où, avec qui ? Quelle a été la première activité organisée ? Et peux-tu expliquer pourquoi il s’agit de « refaire » la fête (si j’ai bien compris …) au lieu de simplement « faire » la fête ?
R: Rzf est né un bel après midi ensoleillé, en mai 85, sur la péniche (amarrée près de « la passerelle » à Liège) où nous nous sommes retrouvés à neuf (entres autres : François Tellings, Marc Scius, Anne Mathurin, Nadine Albert, Ben Urbany ….) pour jeter les bases de l’asbl. On était toute une bande à écumer les bals de la région (principalement avec Trivelin et les Macloteus, on était leurs groupies !) et on en voulait plus sur Liège, donc, on a décidé d’en organiser nous mêmes !
Le nom « Rif zans l’fièsse » (Refaisons la fête) a été long à trouver, c’est finalement François qui l’a proposé et ce nom a été retenu à l’unanimité.
Pourquoi Rif….? En fait on était des jeunes qui ne se retrouvaient pas dans dans les sorties habituelles (boîtes de nuit, cafés….) et l’idée était de dire « faire la fête autrement ». Et un nom wallon était pour nous, approprié.
La première soirée que nous avons organisée était le 28 septembre 1985 avec.Trivelin au collège St Servais rue St Gilles 104, où nous sommes restés pendant 13 ans. C’était devenu « au 104 » pour tout le monde (et certains se trompent encore maintenant !), l’avantage est que nous avions François (prof et jésuite au collège) qui nous facilitait la vie. Quoique, c’était quand même lourd comme organisation pratique .
Q : Une question à la mode : RZF, c’est d’abord des folkeux ou d’abord des Wallons ? Est-ce que l’identité wallonne est importante pour vous, et si oui comment se reflète-t-elle dans vos activités ?
R : RZF, c’est d’abord des folkeux, même si l’identité wallonne est importante pour nous, mais nous voulions être éclectiques et ouverts avant tout, proposer de la musique et de la danse de tous horizons. Concernant l’identité wallonne, beaucoup de groupes sont passés chez nous véhiculant nos origines (Trivelin, les Macloteus, les Maktès, Topaze, Rue du Village, Matoufèt et bien d’autres).
Q : Concernant le type d’activités : y a-t-il eu autre chose que des concerts ou des bals (par exemple des conféreces, des films, …) ? Y a-t-il eu des réveillons ?
R : Oui, nous avons organisé des soupers à thème (comme par exemple sur la Grèce avec musiques, danses et projections dias), des réveillons (neuf d’affillée, pfft qué souvenirs !), des stages de musiques et de danses, et de construction d’instruments (avec expo d’accordéons, les tiens !), des rencontres de groupes de danses, une conférence (avec Moulin à Vents), une soirée conte avec Robert Amyot, des Nut di May avec l’arbre au milieu de la salle, des carnavals folks (toujours maintenant!), un spectacle de danses avec Bartok et Hourvari (fameuse organisation !) …
Mais bien sûr c’est principalement des bals et si on organisait un concert, c’était toujours suivi d’un bal, car on a avant tout un public de danseurs.
Et maintenant, c’est les bals qui priment, avec quand même, de temps en temps, des concerts.
Q : Le public est-il surtout local ou vient-il de toute la Belgique ? Est-ce surtout un public d’habitués ?
R : Oui, le public est principalement de la région, mais nous avons aussi un public qui nous vient de partout (Namur, Verviers, Ardennes, Flandre, …) et il y a effectivement un noyau d’habitués (certains font beaucoup de km), ceci dit nous avons à chaque fois de nouvelles têtes (grâce à la publicité, que l’on développe de plus en plus et au bouche à oreille) et ce qui est très chouette, c’est que nous avons de plus en plus de jeunes qui viennent (15 à 25 ans), ce qui promet pour l’avenir !
: Qu’est-ce que la collaboration avec le centre culturel d’Ans apporte comme avantages à RZF ? Inversément, quel est l’intérêt pour le centre culturel ? Par ailleurs, y a-t-il des inconvénients (peut-être le fait de devoQir programmer plus longtemps à l’avance) ?
R : Au « 104 », tout était à faire, car nous étions dans un réfectoire (monter le podium, aller chercher le bar dans une salle voisine, les frigos dans des méandres de couloirs, pendre les guirlandes électriques, pendre les tentures de fond de scène, chercher boissons et matériel dans une cave dangereuse, amener la sono, …) ce qui nous a littéralement épuisés ! Donc un changement de salle était indispensable, et nous avons atterri au Centre Culturel d’Ans. Il y a eu beaucoup d’avantages évidemment (sono sur place avec le régisseur, bar sur place et on ne s’en occupe plus; podium déjà monté, facilités de subsides pour les groupes, …) en bref, nous n’avons que la salle à préparer (table et chaises) et en fin de soirée, on fait un appel au public pour nous aider à tout ranger. Le cul dans le beurre, quoi !
Ce ne fut pas si évident avec le CCA au début, car on n’était pas des Ansois (fief de ce cher Daerden) et donc certains râlaient de nous voir « bouffer » 8 dates sur l’année au centre (eh oui! Les places sont chères !), heureusement nous avions l’appui du … directeur ! Ce qui est le principal.
Et effectivement, l’inconvénient majeur est que nous devons prévoir les dates très longtemps à l’avance et du coup, cela manque de souplesse pour le choix des groupes. Mais, bon, on est habitués maintenant. Et aussi d’avoir quitté Liège (on est moins accessible). Je sais que l’on a perdu quelques personnes …
L’avantage pour Le CCA de nous accueillir dans leurs murs (RZF est membre du CCA) est que nous sommes pratiquement les seuls (en dehors du centre) à organiser des soirées musicales. La plupart du temps, c’est des rencontres de bonsais, ou de canaris, ou de confréries en tous genres.
Et donc, ça permet de relever un peu le niveau culturel ! D’autant plus que l’on a un rôle d’éducation permanente. Tout à leur avantage au niveau de leurs subsides. Après 12 ans au centre, on est maintenant très bien intégrés.
Q : Y a-t-il quelques faits marquants, ou des anecdotes marquantes, que tu as envie de relever pendant toute cette période ?
R : Des faits marquants, il y a en a une flopée ! Au niveau des groupes on peut relever la venue d’artistes comme Marc Perrone (avec une panne de courant pendant le bal où Marc a assuré à la lueur d’une seule bougie en plein centre de la salle), Alain Pennec, Mélusine, les débuts de Didier Laloy (en duo avec Bruno Le Tron), le 10è annif qui fut une méga soirée … Plus récemment, le spectacle de Bartok fut extraordinaire, Panta Rhei, la nuit du trad avec Didier Laloy (géant), le podium libre du 15è annif qui fut fabuleux ! Et bien d’autres …
Mais « au 104 », on a des souvenirs d’anthologie, comme le rideau (derrière la scène) qui s’écroule pendant le concert de Mélusine et Jean Loup Baly d’intégrer la situation dans le spectacle !, le barbecue explosif à même le sol (béton) car pas eu d’appareil à temps, panne d’électricité pendant un nouvel an (les appareils de fondues ont fait tout pèter) et nom di dju où sont les fusibles !, la danse des ramons qui fait déclencher l’alarme (car on est passé dans une salle voisine !) … Mon dieu, que d’aventures, Anne Mathurin pourrait en écrire un bouquin à succès !!!
Q : Pourrais-tu présenter l’équipe actuelle ?
R : L’équipe actuelle est composée tout d’abord de notre président adoré de tous, le bien nommé Eddy Willems (qui gère l’ensemble d’RZF), ensuite Ann et Alain Sansen (préposés, entres autres au repas de nos soirées, contacts groupes), Nathalie Defresne (trésorière), Gus Robaye (un vieux de la vieille aussi), Jacques Etienne Baudoux (responsable du site internet, contacts groupes), Joachim Loneux (secrétaire et myspace, publicité, contact groupes), le petit dernier Mathieu Coudroy, et moi même Ben (contact groupes, lien avec le CCA, mémoire d’RZF). A noter l’importance d’avoir des jeunes dans le comité : Jo et Mathieu.
Q : Quels sont les projets pour l’avenir ?
R : Dans la continuité, proposer des groupes de qualité pour la danse et des concerts, maintenir la nuit du trad, la 5ème (qui devient une tradition), maintenir aussi le carnaval folk, car c’est une activité colorée à souhait et très festive (où très petits, moyens et grands sont unis), l’activité irlandaise maintient également le cap, avec cette fois-ci Kieran Fahy de la partie avec son fils. Et aussi un projet à long terme dont je ne sais pas si je peux en parler maintenant. Surprise !
(entretien paru dans le Canard Folk de décembre 2010)