Passionné par la danse, ce Liégeois bon teint désormais installé dans le Hainaut s’est vu demander par les Pas d’la Yau de créer pour eux une danse de bâtons. Infatigable, il a créé une “danse du crossage” qui a été montrée pour la première fois le 23 avril à Quevaucamps. C’était l’occasion de le faire parler, ce qui n’a pas été très difficile vu sa jovialité.
(Suite du mois dernier)
Marc Bauduin
Q : Mais qu’est-ce que le crossage ?
R : Le crossage est un jeu populaire qui se rencontre dans le Hainaut occidental et le Nord de la France. Dans les médias, on parle surtout de celui de Chièvres, mais il se joue dans de nombreux villages : Pipaix, Blaton, Quevaucamps, Vaudignies, Basècles,… Il se déroule principalement le Mercredi des Cendres.
Il est aussi appelé « le golf des pauvres ».
Quelques amis se rassemblent pour former deux équipes de 3 ou 4 joueurs.
Un circuit est organisé dans le village et, à chaque café ou buvette, on a placé une « tonne » (un fût de bière). Le but est d’atteindre la tonne avec la «cholette».
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La cholette est une balle en bois, de forme ovale que le joueur frappe à l’aide d’une crosse. Celle-ci consiste en un manche terminé par un sabot en bois.
Chaque équipe parie en combien de coups elle atteindra la tonne. Par exemple en 3 coups. Cela s’appelle «choler».
L’équipe adverse va « décholer », c’est-à-dire qu’elle a le droit de renvoyer la cholette en arrière.
De tonne en tonne, les équipes parcourent tout le village sans oublier de faire vivre les buvettes, bien entendu.
Le crossage est reconnu comme patrimoine immatériel de la Fédération Wallonie – Bruxelles.
Pour en savoir plus vous pouvez consulter de nombreux reportages sur internet.
Q : Tu as parlé de « moniteur agréé ». De quoi s’agit-il ?
R : Un moniteur agréé par la Province est une personne qui a suivi les formations exigées par la Province. Il est reconnu par elle.
Un groupe qui a besoin d’un moniteur pour créer un nouveau spectacle peut faire appel à la Province. Celle-ci lui propose l’animateur souhaité pour une série de séances. Il est rémunéré par la Province.
Q : Peux-tu nous détailler plus la « Danse du Roi » ?
R : La Société Saint-Denis de Thieulain est une ancienne société de tir à l’arc.
Comme dans de nombreux villages, une milice armée était formée pour garder, par exemple, les reliques pendant la procession.
Dans les sociétés de tir (arc, arbalète, carabine..) il y a des concours durant l’année et le meilleur tireur est nommé Roi pour un an.
Une fête est organisée pour le sacre pendant lequel il reçoit le collier du Roi.
Depuis 2005, la Société a réintroduit le tir à l’arc sur une perche horizontale et le Roi sera celui qui réussira à atteindre une petite cible appelée « l’oiseau ».
Il y a une seule séance d’entraînement et le concours la semaine suivante.
La Reine organise une réception pour les membres de la Société et la danse a lieu sur la place du village à 18 heures (le lundi 3 juillet cette année).
Elle consiste en une marche, un rondeau, une schottisch et le Lanciers.
Les danses sont accompagnées par la Fanfare royale de Thieulain.
Le Quadrille des Lanciers se danse sur une musique originale écrite par Jules Delecault.
La plus ancienne date connue pour la Société est 1597. Elle est gravée sur le collier royal.
Les archives anciennes ayant brûlé pendant la Première guerre mondiale, on ne sait pas s’il y avait une danse. La danse actuelle remonte à fin XIXè-début XXème avec l’apparition du Lanciers.
Il n’y a pas de participation active du public, mais celui-ci est fort nombreux chaque année.
Pour en savoir plus, voir mon ouvrage « La « Danse du Roi . Le Carré des lanciers de Thieulain ».
Q : Que connaissons-nous des danses de bâtons en Wallonie ?
R : Nous ne trouvons pas de danses de bâtons proprement dites en Belgique.
La forme choisie pour ma chorégraphie utilise deux bâtons par danseur. On en trouve des exemples en Italie, Espagne, France …
Les quelques danses appelées « danses de bâtons » chez nous utilisent un seul bâton et leur chorégraphie est proche de celle des danses d’épées.
Par exemple la « Danse des pèlerins » de Marbisoux (Marbais, Villers-la-Ville) qui se pratique encore maintenant.
À Waremme, il existait la « Danse du cerceau » (Li donse è cèk).
Les danseurs formaient un cercle en tenant les bâtons qui passent à travers le cerceau.
Au rythme du tambour, la ronde tournait et chaque danseur devait passer à l’intérieur du cerceau.
Actuellement, cette variante existe encore à Westerlo (Gilde Saint-Sébastien) sous le nom de Trawantel.
Marbisoux : www.sonuma.be/archive/souvenirs-de-bois-et-d_ardoise-du-19091981
Westerlo : www.youtube.com/watch?v=ynUM1FoE7tQ
Roger Hourant
(article paru dans le Canard Folk de mai 2023)