Le 14 octobre 2023, une fois n’est pas coutume, un folkeux s’en va voir, non pas un duo cornemuse-vielle à roue, mais un orchestre. La raison ? En deux mots : Didier Laloy.

C’est la première du projet Didier Laloy Symphonic, où le diato de Didier est rejoint, entre autres, par l’Orchestre de Chambre de la Nethen (dirigé par Alain et Benoît Meulemans, qui alternent les rôles de chef d’orchestre et de premier violon), l’Ensemble Quartz et le contrebassiste Adrien Tyberghein (du projet Dyad, également avec Didier Laloy). Ce concert, premier d’une longue série prévue jusqu’en avril 2024 se déroule cette fois au théâtre Marni, à Ixelles, où, pour l’occasion, ses enfants et son ancienne prof de diato, Marianne Uylebroeck, sont présents.

Les premières notes sont partagées entre l’accordéon de Didier et le violoncelle de Kathy Adam, dans une ambiance très douce et intimiste. Petit à petit, des violons, divers instruments à vent et d’autres instruments de l’orchestre s’ajoutent joyeusement et avec une énergie croissante. On sent que le morceau, comme ceux qui suivront, a été arrangé de façon experte pour un orchestre, en employant ses différents instruments pour peindre un paysage fait de hauts et de bas, de mélancolie et de gaieté, de tranquillité et de surprises.

Aux premiers applaudissements, on sent la salle plus détendue qu’à un concert de musique classique. Il faut dire que Didier met le public à l’aise et semble prendre plaisir à lui servir des anecdotes diverses et variées, toujours avec humour. Parmi celles-ci, on retient en particulier celle qui raconte ses débuts au piano lorsqu’il avait huit ans et ses difficultés à lire la musique (“Mon professeur s’est vite rendu compte que je n’étais pas fait pour la musique. Il avait raison.”), puis sa découverte fortuite de l’accordéon diatonique au détour d’une fête.

S’ensuivent une série d’airs qui nous emportent dans des univers très variés, dont une ode aux films muets, une mélodie qui rappelle Lawrence d’Arabie, des compositions chiliennes (ce projet ayant été créé en collaboration avec l’Orquesta Sinfonico Del Lyceum De La Havana) ou encore un extrait du projet Dyad, qui met en scène Dider Laloy et Adrien Tyberghein, qui, devant un public abasourdi, fait sortir de sa contrebasse des sons de violoncelle, de violon, de percussion, voire de guitare électrique, le tout avec une virtuosité et une précision impressionnantes. Outre la présence occasionnelle d’un cajon, les folkeux remarquent entre autres une valse, une musique dans un style bulgare en sept temps qui aurait lors des répétitions donné des sueurs froides aux musiciens de l’orchestre, qui ne sont pas tous habitués à la musique folk (ils s’en tirent en tout cas avec brio lors de la représentation), ainsi que le morceau final, qui n’est autre que l’air bien connu Astridin Vals.

On ressort de la salle heureux d’avoir fait cette curieuse expérience qu’est l’écoute d’un accordéon diatonique mêlé aux sons d’un orchestre.
Soit dit en passant, le concert du duo Dyad, qui tourne également en 2023 et 2024 en Belgique, vaut tout autant la peine d’être vu et entendu : c’est la rencontre de deux musiciens qui ont une maîtrise étonnante de leur instrument. L’extrait présenté dans le cadre du concert Didier Laloy Symphonic n’est qu’une partie de ce que le duo a à offrir. De quoi ravir tout amateur de musique !

Arthur Bauduin

(article paru dans le Canard Folk de janvier 2024)