Etant sur Facebook sans comprendre grand chose à sa structure, je reçois souvent par mail des “notifications” venant de Facebook : untel a promené son chien, un autre est heureux parce que ceci, X m’invite à aimer sa page, ou organise un concert ou un stage … Dans ce fatras d’infos que je ne fouille pas systématiquement, se cachent quelques trucs utiles.

L’autre jour, en faisant défiler le fatras, je vois un remerciement pour un souhait d’anniversaire (a priori inintéressant), qui dit qu’il y a deux anniversaires : celui de sa naissance et celui de son changement de boulot. C’est une certaine Isabelle Pêcheur qui écrit cela … Tiens, serait-ce la fille de Michel Pêcheur, l’accordéoniste de Trivelin ? Joue-t-elle encore de la harpe ou pas ? Elle s’est mise au travail du cuir, ce doit être un boulot très prenant. D’où l’idée d’interviewer cette jeune trentenaire de la région d’Arlon, qui a décidé de balancer son boulot “classique” pour plonger dans l’aventure de l’artisanat tout en se ménageant un peu de temps pour la musique. Et qui tiendra un stand cette année au festival de Marsinne.

Marc Bauduin

Q : Parlons d’abord de ta harpe. Peux-tu nous la décrire ? L’as-tu achetée neuve, chez qui ?

R : Ma première harpe est une harpe celtique avec 34 cordes carbone. C’est une Jonygan Camac (Bretagne), un modèle qu’on ne fabrique désormais plus. Je me rappelle parfaitement le jour où nous l’avons achetée à Paris, au magasin Camac, quand j’avais 11 ans.
Mais vers l’âge de 15 ans, je suis partie faire mes études à Namur. Les concerts s’enchainaient et faire voyager la harpe deux fois par semaine en train devenait acrobatique. Alors avec la cagnotte des concerts, je suis retournée à Paris, au magasin Camac d’occasion cette fois. J’ai choisi une Mélusine 34 cordes nylon. Elle a plus de coffre et c’est elle qui m’accompagne encore aujourd’hui dans les concerts.
Une troisième harpe a fait son apparition quelques années plus tard. Une petite 34 cordes boyau fabriquée par un artisan inconnu, mais qui sonne de manière étonnante. Je l’ai rachetée à une personne qui n’en jouait plus, mais qui ignorait ses origines.

Mais pourquoi tant de harpes me direz-vous ? Justement parce que je me rends bien compte du pari risqué qu’ont fait mes parents en allant acheter une harpe neuve à Paris quand j’avais 11ans. Et si l’instrument ne me convenait finalement pas ? Du coup je n’hésite pas à prêter mes harpes à mes élèves ou n’importe quelle personne désireuse de savoir si l’alchimie entre cet instrument et elle peut s’opérer. Ainsi je n’ai au final à la maison qu’une ou deux harpes à la fois… Après tout, la musique, c’est d’abord un partage, non ?

Q : Connais-tu beaucoup de harpistes (avec ce genre de harpe) en Belgique francophone ? Avec qui as-tu appris à en jouer, et quel genre de répertoire joues-tu ?

R : Nous sommes plus nombreuses que nous le croyons, j’en suis convaincue, à pratiquer la harpe celtique avec son répertoire de prédilection : la musique traditionnelle. Le folk est un genre de niche où cet instrument est bien plus courant que dans les autres styles de musique. J’ai une dizaine d’amies qui en jouent, j’en connais bien d’avantage de vue ou de nom … Certains pratiquent de manière modeste ou assez timide, je pense que c’est peut-être pour ça qu’on a l’impression que les harpistes sont plutôt rares…Après, je suis toujours surprise quand je donne des concerts en dehors du monde folk d’entendre « c’est la première fois que je peux voir une harpe celtique en vrai ».

Quand j’ai commencé la harpe, j’avais déjà un bon bagage musical, grâce à mes parents. Ils m’emmènent avec eux depuis que je suis bébé dans les stages, bals, concerts et festivals. J’avais déjà eu l’occasion d’apprendre un peu l’accordéon diatonique, fréquentais de manière assidue une chorale et avais derrière moi quelques années de solfège. Les professeurs sont rares, mais j’ai eu la chance de rencontrer Charlette Boulet, qui enseignait la harpe classique et celtique au conservatoire de Luxembourg. C’est d’ailleurs elle qui y a introduit la harpe celtique. Elle m’a enseigné pendant cinq ans la méthode dite ‘classique’, avec son répertoire, sa rigueur et sa technique. Mais en parallèle, mes parents m’ont encouragée à suivre également un apprentissage avec la méthode dite « d’oreille » et son répertoire plus traditionnel. C’est donc Patrick Dourcy via les stages de Borzée qui m’a mis le pied à l’étrier dans cette voie aux antipodes de la première. En revanche, mon cheminement de ce côté a été rapidement plus solitaire et autodidacte faute de professeurs. Je constate néanmoins aujourd’hui que c’est cette deuxième méthode que je privilégie largement quand je joue.

Et niveau répertoire, je ne me lasse jamais du folk qui nous fait voyager dans l’Europe entière et même au-delà. J’ai une vraie passion pour le répertoire traditionnel, sa transmission, ses chants et ses danses. J’avoue avoir un mal fou à en sortir et avoir même la simple volonté d’écouter autre chose. Il est tellement riche qu’une vie entière ne suffirait pas à l’explorer.

Q : Joues-tu (ou as-tu joué) régulièrement avec d’autres musicien(ne)s ? Peut-être avec Trivelin, en folk ou en médiéval ? N’est-il pas difficile d’en trouver dans ta région en trimbalant ton instrument ?

R : Oui, bien sûr, car la musique sans partage serait triste à mon sens. J’ai beaucoup joué adolescente avec d’abord mon père, puis un peu Trivelin ou certains de ses membres, Blézî, et surtout … Seltrad. Seltrad nous a, air de rien, fait jouer pas mal d’années dans pas mal de lieux. Après Seltrad, il y a eu les Pierrots Lunaires avec Jean-Paul Chemin, La Bande à Urbain dans un domaine plus rôlistique et beaucoup de petits projets de type cabarets littéraires ou des formules plus modestes ou informelles. J’ai toujours regretté de ne pas avoir pu jouer dans un groupe de bal, car j’aime la danse depuis toute petite et je rêverais de faire danser à mon tour les gens. Mais mes projets se sont toujours formés au p’tit bonheur la chance, au hasard des rencontres. Il y en aura encore bien d’autres, j’en suis convaincue.

Q: Comment décrirais-tu ton style de jeu ? Es-tu plutôt énergique, ou plutôt romantique ? Aimes-tu bousculer les habitudes, chercher des harmonisations qui sortent de l’ordinaire ?

R : J’aime dans ma musique, avoir une rythmique bien marquée. Ça doit me venir de la danse, j’aime mettre en évidence les particularités de chacune d’elles. J’aime aussi beaucoup une certaine dynamique et les morceaux plutôt énergiques. Insuffler une progression pour que chaque reprise soit différente. Il est vrai que de ce côté, j’aime aussi – et je m’en fais même un devoir – bousculer l’image de la harpiste qui joue de manière douce et majestueuse dans un type de répertoire calme et limité.

Il est difficile d’avoir du recul sur son propre jeu, mais je pense que le mien n’est pas très conventionnel et académique. Il doit être assez personnel et instinctif, probablement en conséquence de mes années en autodidacte. Bizarrement, je ne m’inspire que rarement des techniques d’autres harpistes, mais plus directement du folk en général. La musique est pour moi un exutoire. J’y libère mes émotions. Donc je fais confiance à ma sensibilité musicale, tout ce que j’ai écouté et aimé au cours de ma vie et j’improvise mes accompagnements par rapport à mon ressenti ou en m’adaptant au style des autres musiciens qui jouent avec moi.

Q : Et puis vient ta seconde passion, tout aussi artistique mais sans doute plus manuelle : le travail du cuir. Comment t’est venue cette passion, comment t’y es-tu initiée ? Quand et pourquoi as-tu décidé de faire le grand saut dans ce nouveau travail ?

R : Le folk a toujours été pour moi un cocon douillet où je rencontrais des gens qui aiment globalement les mêmes choses que moi et où le partage et la création sont particulièrement présents. Vers l’âge de 20 ans, j’ai découvert un deuxième univers de ce type : les jeux de rôles grandeur nature (GN). Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de faire des parallèles entre ces deux mondes et constate que non seulement la musique y a sa place, mais aussi que de plus en plus de gens finissent par côtoyer les deux mondes. De plus en plus de bals folks sont organisés en GN et de plus en plus de rôlistes poussent les portes des bals pour y apprendre les danses.

C’est dans ce monde du GN foisonnant de gens passionnés et partageant un nombre impressionnant de techniques d’artisanat que j’ai découvert le travail du cuir. C’est aux Ateliers des Brumes, une asbl liégeoise spécialisée dans l’artisanat de GN (costumes, accessoires, armures, armes en mousse …) que j’ai appris le repoussage du cuir, qui est rapidement devenu une passion.

Voici la seconde partie de cette interview dont la publication a commencé le mois dernier en parlant de musique. Cette fois, on parle d’artisanat, plus précisément de gravure sur cuir, qu’on aurait dû voir sur un stand cette année au festival de Marsinne s’il n’avait été annulé.

Marc Bauduin

Q : Et puis vient ta seconde passion, tout aussi artistique mais sans doute plus manuelle : le travail du cuir. Comment t’est venue cette passion, comment t’y es-tu initiée ? Quand et pourquoi as-tu décidé de faire le grand saut dans ce nouveau travail ?

R : Le folk a toujours été pour moi un cocon douillet où je rencontrais des gens qui aiment globalement les mêmes choses que moi et où le partage et la création sont particulièrement présents. Vers l’âge de 20 ans, j’ai découvert un deuxième univers de ce type : les jeux de rôles grandeur nature (GN). Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de faire des parallèles entre ces deux mondes et constate que non seulement la musique y a sa place, mais aussi que de plus en plus de gens finissent par côtoyer les deux mondes. De plus en plus de bals folks sont organisés en GN et de plus en plus de rôlistes poussent les portes des bals pour y apprendre les danses. C’est dans ce monde du GN foisonnant de gens passionnés et partageant un nombre impressionnant de techniques d’artisanat que j’ai découvert le travail du cuir. C’est aux Ateliers des Brumes, une asbl liégeoise spécialisée dans l’artisanat de GN (costumes, accessoires, armures, armes en mousse …) que j’ai appris le repoussage du cuir, qui est rapidement devenu une passion.

En parallèle, je peinais à trouver ma place dans le monde du travail. J’ai besoin au quotidien d’avoir des activités qui aient du sens pour moi, qui me passionnent, alignées sur mes valeurs, à la fois variées, créatives et minutieuses. Un climat de respect, de confiance et de bienveillance. Pas facile de trouver un emploi combinant toutes ces qualités. J’ai passé une dizaine d’années à tenter par tous les moyens de m’adapter à des postes qui m’ont tous mené vers le burnout. Travailler était devenu un gouffre à énergie et une source de désespoir. Il fallait que je trouve une solution.

J’ai mis un certain nombre d’années pour oser réaliser ce qui me parait être aujourd’hui une évidence. Je pensais que ce genre de travail n’était plus viable dans notre société actuelle. J’ai fait le pari de consacrer toute mon énergie à trouver des solutions pour réussir à vivre de ma passion. Et même si mon projet est encore en couveuse, je ne regrette pas mon choix. Désormais c’est le travail qui s’adapte à qui je suis et non l’inverse. Et ça fait toute la différence. Car il ne s’agit pas que d’un simple travail mais bien de tout un mode de vie. Et je suis convaincue qu’à notre époque, il faut trouver de nouveaux modes de vie.

Q : Que fais-tu exactement avec le cuir : quel genre de travail, quels genres d’objets ?

R : Une des plus grandes difficultés, je trouve, est de devoir choisir ses projets et champs de compétences. En effet, quand on dit « travail du cuir », tout de suite les gens s’imaginent qu’on peut absolument tout faire comme travail tant que ça fait intervenir le matériau. Or il existe une infinité de métiers liés au cuir, dont chacun demande l’expertise d’une vie ! Cordonnier, bottier, gantier, bourrelier, harnacheur, sellier équestre, sellier automobile, maroquinier, costumier spécialisé, tanneur, etc etc. Certes certains métiers sont voisins mais impossible d’apprendre toutes les disciplines ! J’ai plutôt choisi une voie s’apparentant à la maroquinerie. J’apprends également petit à petit le travail de bourrelier/harnacheur et la reliure.

Plus précisément je pratique le repoussage du cuir, c’est-à-dire la gravure sur le cuir. C’est quelque chose qui se fait assez rarement car pas évident à rentabiliser. Et qui implique de ne travailler qu’avec un type de cuir bien précis et assez épais (3mm d’épaisseur minimum), ce qui limite bien sûr naturellement les choses que je peux réaliser. Je réalise principalement des sacs, des cartables, des couvertures de livres, des housses pour toutes sortes d’objets, des bourses, des ceintures, des colliers pour chien, quelques bracelets, et pleins de projets plus spécifiques qu’on me demande qui sont … dans mes cordes…. Désolée, j’ai pas pu résister. En réalité, le plus difficile est de trouver du temps pour développer de nouvelles techniques et faire aboutir les centaines de créations que j’ai en tête que j’aimerais réaliser.

Je pense aussi que mon travail s’inscrit dans une démarche plus large en termes de valeurs humaines. C’est pourquoi, je fais particulièrement attention à la provenance de mon cuir. Je me fournis dans une des deux dernières tanneries belges, qui fait un travail d’une qualité rare. Nous avons vraiment de la chance de ce côté. De même, je veille à ce que mon travail tienne le mieux possible l’épreuve du temps et le met constamment à l’épreuve de ce côté. Je propose aussi d’office des entretiens réguliers et des retouches à mes clients.

Q : Quel est ton public : des bobos, entre autres ? Et où le rencontres-tu : dans des foires et marchés (médiévaux et autres), en Wallonie et aussi ailleurs ? Viennent-ils aussi chez toi ? Au fait, ton atelier est-il chez toi ou partages-tu des locaux avec d’autres artisans ?

R : Je vis principalement grâce aux marchés. C’est là où je rencontre des gens, où je me fais connaitre, où je remplis mon carnet de commandes. J’adore les marchés, car ce sont des lieux où je peux partager ma passion et rencontrer des gens tout aussi passionnés que moi. Ils contrebalancent aussi les inévitables moments de solitude que je vis pendant la confection de mes créations.

Il est vrai que je ne vends mes créations qu’à des gens qui sont d’une manière ou d’une autre conscientisés au coût de l’artisanat local par rapport au low cost mondialisé dans lequel nous baignons. Mais je constate surtout que je vends nettement mieux dans les milieux où les gens ont les mêmes passions que moi : dans les foires médiévales, auprès du public rôliste ou dans des milieux où les gens privilégient les circuits courts et la sobriété de vie. Cette année, j’exposerai pour la première fois au festival de Marsinne. Et c’est vraiment un événement que j’attends avec un mélange d’impatience et d’appréhension, car ça sera la première fois que je présente mon travail dans le milieu folk, le milieu de ma première passion.

Le reste du temps je travaille à mon domicile, où j’ai installé mon atelier. Et je veille à ce que cet atelier soit vivant. Stagiaires, travailleurs du cuir venant partager leurs techniques, clients venus reprendre leurs commandes ou discuter de nouveaux projets… il est important pour moi que cet atelier soit un lieu de partage.

Q : Tous ces déplacements dans des marchés, avec les réservations de stands, doivent finir par coûter cher, non ? Comment te débrouilles-tu : tes revenus sont-ils suffisants ?

R : Il est vrai que c’est un vrai casse-tête de rentabiliser une telle activité. A la difficulté d’être payé à un prix juste s’ajoute le surcoût lié aux emplacements et aux distances. Je propose des démonstrations sur mes stands et essaye de mettre en avant cette animation pour négocier des prix plus abordables à mon niveau, mais ça suffit rarement. C’est là que la musique revient dans une facette assez inattendue de ma nouvelle profession. Je propose régulièrement aux organisateurs de troquer un emplacement contre un concert de harpe. Tout le monde est gagnant : je peux faire baisser le coût de mes marchés et les organisateurs sont souvent ravis de pouvoir proposer une animation supplémentaire.

Q : Il est donc possible de combiner un travail d’artisanat exigeant et la musique ? La harpe reste importante pour toi ?

Il est vrai que la précarité du travail d’artisan exige beaucoup de sacrifices. Je travaille en moyenne 55h/semaine et, au début, il est vrai que j’ai délaissé les autres aspects de ma vie. Avec le temps, je constate que ce travail me permet aussi de me rendre disponible au bon moment pour ce que je trouve important. Les amis, la famille, les causes qui me tiennent à cœur. Et pour mes autres passions, la plupart du temps je trouve le moyen de les intégrer à mon travail. La musique ne fait pas exception. Les concerts sur les marchés sont un bon exemple. Souvent la musique sert de troc pour alléger mes charges diverses. J’ai pu accepter de nouveaux élèves à des horaires qui auraient été impossibles à aménager avec un travail d’employé. Et petit à petit, je dégage de plus en plus de temps pour des petits projets musicaux. J’essaye d’en avoir toujours au moins un en ligne de mire pour stimuler l’envie de jouer et provoquer de nouvelles belles rencontres …

Q : Qu’en est-il de ta présence sur le web : Facebook, site web de démo, … ? Comment imagines-tu développer ta publicité ?

R : Pour le moment, ma présence sur le net est assez discrète. Je n’ai créé qu’une page facebook « Les Cuirs du Reflet » et une page consacrée à mes stages « Les formations du Reflet ». Il existe aussi une page avec le travail collectif des artisans des « Ateliers des Brumes ». J’ai récemment lancé une page Instagram en complément et un site internet en e-commerce est dans les cartons.

Mais ce dernier n’est actuellement pas prioritaire, car je peine trop à alimenter mes dépôts et mon stand. Au final, je préfère nettement rencontrer les gens physiquement sur mon stand ou à l’atelier pour parler de leurs projets que la distanciation qu’impose internet. Pour le moment, je plafonne de toute façon dans mon volume de commandes, donc ma présence sur le net peut rester discrète.

Q : As-tu des projets ? De quoi rêverais-tu ?

R : Mon projet est déjà un rêve en soi. Ma qualité de vie n’est pas comparable à celle que j’avais avant de le lancer. Mon vœu serait qu’il s’épanouisse et me permette d’en vivre modestement. Qu’il continue à me stimuler et m’épanouir comme il le fait de créations en créations, qu’il continue à me pousser à apprendre chaque jour un peu plus. Ce que j’aime en particulier, c’est que mon projet n’a pas de voie toute tracée. C’est lui qui m’emmène au gré des rencontres et de mes passions vers des choses que je n’avais jamais imaginées. Comme il est extrêmement jeune, il est encore assez polymorphe et s’adapte aux opportunités que la vie lui propose. Je suis dans une phase où je cherche beaucoup, je tente des choses, petit à petit je sélectionne les domaines qui peuvent au mieux le nourrir.

Q : Enfin, que dirais-tu aux jeunes qui hésitent à se lancer comme indépendants dans un boulot chouette mais prenant, tout en conservant d’autres hobbies ?

R : Ce que j’aime par-dessus tout dans le milieu artisanal, c’est qu’à partir d’un certain niveau, chacun propose quelque chose d’unique. Chacun a ses domaines de prédilection, panache son travail avec ses passions et sa créativité personnelle. Ce qui signifie que non seulement les artisans même dans le même secteur ne peuvent pas entrer en concurrence entre eux, mais en plus, chacun a quelque chose à apporter aux autres. Il en résulte un milieu de bienveillance et de partage assez grisant… en tout cas pour tous ceux qui jouent le jeu.

Mon rêve, outre le fait de réussir à vivre décemment de mon activité, serait de contribuer à ce réseau de partage et réussir à inciter d’autres personnes qui ont, comme moi, été en souffrance dans le milieu du travail à oser sortir des sentiers battus et créer leur propre activité. Qu’ils osent déployer leurs forces en un projet auquel ils croient et qui respecte leurs valeurs, leurs besoins, ce qu’ils veulent voir exister dans ce monde.

Certes, ça n’est pas facile, la législation n’est absolument pas adaptée au travail artisanal. Il faut se battre jour après jour et adapter son mode de vie. Vivre plus sobrement. Vivre plus en solidarité. Mais au final je pense que ça va aussi vers une vie avec plus de sens et de bien-être. Et ça, ça n’a pas de prix !

Contact :
Les Cuirs du Reflet
+32 494 30 91 61
Cuirsdureflet@gmail.com
Facebook : @cuirsdureflet
Instagram : cuirsdureflet