Le 21 octobre dernier avait lieu à Gentinnes la « journée rencontre » sur l’épinette.
C’est une première dans nos régions. Pareille initiative a déjà eu lieu plusieurs fois en France, à Fougerolles plus précisément, grâce à des budgets importants, mais la participation s’est amenuisée au fil des ans.
On ne peut donc que féliciter André Deru et Thierry Legros d’avoir repris le flambeau, et sans subsides !
L’exposition des luthiers n’était pas dénuée d’intérêt : citons Christophe Toussaint (F), Jean Ribouillault (F), Thierry Doison (F), Jean Bertiaux (B), Michel Terlinck (B). L’exposition d’instruments anciens a permis de voir des épinettes wallonnes anciennes, que copie d’ailleurs Jean Bertiaux.
Le carrefour de l’après-midi avait pour thème : « L’épinette, sa pratique, son apprentissage: quel avenir ? ». Les participants, musiciens de concert, formateurs de stage et luthiers étaient assez pessimistes quant à la persévérance des stagiaires et au succès de l’instrument.
Seul, Jean Ribouillault était heureux. Le plaisir de jouer, plaisir qu’il fait partager à son public, lui suffit: d’après lui, les grandes foules ne sont pas nécessaires à l’épinette. Mais nous craignons que ses collègues n’aient pas partagé sa béate conviction. Peut-être ont-ils raison, si l’on considère la très faible participation du public à cette journée.
De toute façon, les absents ont eu vraiment tort le soir, où tous les noms de l’épinette y ont été d’une brillante prestation pour un concert de plus de quatre heures; l’esprit bon enfant a pourtant régné, entre autres durant l’amnésie de Michel Terlinck exécutant du Haendel à l’épinette. Nous eûmes le plaisir d’entendre Guido Picard, déjà écouté à Neufchâteau en 1988.
Le jeu de Christophe Toussaint, toujours aussi déconcertant a gagné en humour.
Les duos André Deru – Thierry Legros, Patrice Gilbert – Jacques Leininger, Jean Bertiaux – Michel Massinon étaient de bon aloi.
Jacques Leininger nous a aussi régalé d’un aperçu de musique norvégienne sur une langeleik au timbre très doux. Jean Ribouillault se confirme comme un clown musicien plein de séduction.
L’ensemble du concert était vraiment de bonne qualité et montrait que jouer de l’épinette peut être différent de gratouillage de cordes dont se satisfont certains débutants inconstants ou éternels.
Un souhait … qu’André Deru et Thierry Legros réitèrent l’initiative l’an prochain et aient plus de succès grâce à une meilleure préparation médiatique et peut-être grâce à des subventions.
Micheline et Guy Vanden Bemden.
(paru dans le Canard Folk de décembre 1989)