CF151 (juin 1996)

 

Vivre en l'an 1900

Voilà la gageure que la DAPO de Liège, le Musée de la Vie Wallonne et quelques autres associations ont affrontée.

 

Au Musée, pendant la période du 23 mars au 18 mai de cette année s'est tenue une exposition Bals 1800-1940 qui présentait des vêtements de fête, des accessoires vestimentaires et des documents tels que anciennes photos de salles de bal, surtout liégeoises, groupes de musiciens, carnets de bals.

 

A cette occasion est éditée une plaquette qui se réfère à l'exposition; elle est en grande partie établie à partir de témoignages collectés récemment. Le séminaire des Arts et Traditions Populaires de l'université de Liège en a été la cheville ouvrière scientifique. Le livret donne la priorité aux recherches menées dans ce cadre. Cette démarche a le désavantage de rapporter des situations particulières que le lecteur aurait parfois tendance à généraliser. Par exemple, à telle époque, la composition des orchestres ou les répertoires peuvent être différents de ce que signale le texte : les sources utilisées ne mentionnent tout simplement pas toutes les situations. Mais l'initiative permet de conserver et diffuser in extremis des témoignages qui sinon demain seraient perdus et que l'historien des us sociaux de nos régions pourra désormais ajouter à ses documents. Et Françoise Lempereur continue à faire appel aux témoignages.

 

Revenons à l'exposition pour un dernier regret : il est notable qu'après le XVIII s, les hommes quittent de plus en plus leurs plumes de paon pour s'habiller comme des corbeaux, et que le retour des couleurs vives pour les habits mâles n'est qu'une tendance toute récente. Mais est-ce un motif pour réduire les cavaliers des mannequins féminins de l'exposition à de noirs profils d'ombres chinoises ?

 

Pourtant, lors du bal organisé en parallèle avec cette manifestation, le 27 avril dernier, danseurs et danseuses avaient fait des efforts de toilettes et de reconstitution vestimentaire pour le Premier Grand Bal 1900 organisé à l'abbaye cistercienne du Val Saint-Lambert. Le Cercle Symphonique du Royal Club 1900 de Haine-Saint-Pierre assura la partie musicale de 8 heures du soir à 3 heures du matin : quelle performance d'endurance et d'efficacité !

 

Les participants avaient reçu un carnet de bal où ils trouvaient le menu des polkas, mazurkas, quadrilles et autres danses pour lesquelles ils devaient d'avance rechercher des partenaires à inscrire sur leurs tablettes, le tout avec une dignité très fin de siècle. Il faut rendre hommage ici aux groupes de danses liégeois qui, sous l'impulsion de Roger Hourant qu'il convient de féliciter, organisaient depuis des mois stages et répétitions afm que cette fête puisse vraiment être vécue avec naturel par les danseurs et que les cris malvenus de callers ne trahissent pas la noblesse de cette reconstitution de fête bourgeoise. Sous les combles gothiques du Val, on se croyait donc en 1900.

 

Comment le deuxième bal 1900 pourra-t-il l'an prochain offrir autant d'attrait ? La réponse appartiendra aux organisateurs.