CF 4 (février 1983)

La Fédération des Groupes Folkloriques Wallons

Une adresse trouvée dans un bottin, un coup de téléphone et hop ! me voilà parti à la rencontre du secrétaire général de cette fédération qui m'était tout à fait inconnue.

René-Jean Maréchal m'accueille dans son bureau. Bien que l'endroit soit plutôt austère, l'homme est vif et accueillant. Dès que l'on parle de folklore wallon, son corps entier se met à s'exprimer, ses mains virevoltent : quelle passion !

Il m'apprend que la fédération, créée en 59 à l'initiative de la Commission royale belge de folklore dans le but de protéger et de faire connaître le patrimoine folklorique, a 164 groupes membres, répartis en six sectinns:

- les groupes traditionnels, dont l'authenticité est reconnue et qui n'ont pas cessé leurs activités depuis leur création, celle-ci devant remonter à plus d'un siècle (ex.:la Société Moncrabeau dont nous parlions en janvier);

- les groupes de danse traditionnelle de Wallonie, dont le répertoire comporte uniquement ou principalement des danses wallonnes traditionnelles et dont les costumes sont authentiques ou reconstitués salon des critères bien précis;

- les groupes de carnaval et de cortège ;

- les groupes et sociétés d'expression musicale ou vocale traditionnelle

- la section des fêtes et jeux populaires;

- la section des confréries de gastronomie wallonne traditionnelle.

Pourtant, la clientèle n'est pas recherchée: c'est la qualité qui importe, non la quantité. La fédération est très stricte sur ce point (le bénévolat, l'indépendance permettent cette sévérité) : pas question d'accepter des groupes rhénans (les carnavals de St Vith et d'Eupen, par exemple, ne sont pas romans), ni des groupes d'imitation (des Gilles qui ne correspondraient pas à une tradition locale, par exemple).

Il faut du tradionnnel wallon et, dans le cas des groupes de danse notamment, cela va jusqu'au bout des ongles, pourrait-on dire : des experts examinent les tissus des vêtements, les accessoires (comment ! Une montre à quartz ?!), la coiffure, etc.

Il n'est donc nas facile de devenir membre : le conseil d'administration examine d'abord la demande, puis les

experts de section font leur rapport. Si tout va bien, le groupe candidat entre en stage pour une période de 2 ans pendant laquelle il est soumis à l'observation constante d'experts et de moniteurs.

Après ces deux années, le stage est souvent prolongé pour l'une ou l'autre raison: manque de netteté, tenue, conduite, respect du public, etc. Inversément, il arrive qu'après enquète, un groupe voie son inscription suspendue et soit remis en stage.

Ainsi, la section des groupements et sociétés d'expression musicale ou vocale traditionnelle ne comporte qu'un seul membre effectif (le grouoe Trivelin) et deux stagiaires (une société de chant et une société musicale).

La section des groupes de danse est un peu plus fournie: 12 effectifs et 3 stagiaires ... mais aucun dans le Brabant.

Les chansons traditionnelles se sont en général transmises oralement d'une génération à l'autre. Une exception à cette règle: Malmédy, dernier bastion roman face à la Germanie, où les traditions musicales se sont cristallisées dans des sociétés wallonnes. C'est pour cette raison que les chants des fêtes calendaires de Malmédy sont écrites.

René-Jean Maréchal aime raconter des légendes et des vieilles histoires qui sont à l'origine de groupes folkloriques wallons. Celle de la Confrérie des Porais Tilffois par exemple, où des habitants de Tilff se déguisent en poireaux qui s'enfuient lorsque le percepteur des contributions veut les apporter à son suzerain.

Ou encore, celle de la Compagnie des Chevaliers de la Fricasseye de Chèvremont. La Vierge de Chèvremont est aujourd'hui bien connue des sportifs. Jadis, les fiancés entreprenaient ensemble l'ascension de la colline. La montée était rude et parsemée d'embûches. Si le couple arrivait au sommet, cela signifiait qu'ils pourraient vaincre ensemble les difficultés de la vie : leur mariage serait réussi ! Dans la descente, une unique auberge leur permettait de se reposer et leur servait une fricassée arrosée d'un pequet.

Bon appétit !

(adresse : 122 av de Juillet, 1200 Bruxelles