Pour rappel, le MIM (Musée des Instruments de Musique de Bruxelles) programme régulièrement des concerts le jeudi soir, aussi bien de musique classique que de musique traditionnelle.
Jeudi 18 octobre 2001, le MIM nous a offert un concert de qualité en nous faisant découvrir l’instrument traditionnel de Finlande, le KANTELE.
Pour ceux qui connaissent l’épinette (ou hommel en néerlandais), le Kantele est la cithare finlandaise. L’introduction faite avec un guide avant le concert nous a rappelé quelques notions d’organologie.
Dans la famille des cordophones, on distingue :
les cithares avec touche comme l’épinette des Vosges, la cithare ou Zither d’Autriche ou d’Allemagne, le hummel suédois, le langeleik norvégien ;
les cithares sur table sans touche dont l’origine est la lyre antique dotée d’une table d’harmonie. Citons le psaltérion (à cordes pincées), le tympanon (à cordes frappées), le cymbalum hongrois, le koto japonais ou le dan tranh vietnamien, ces 2 derniers instruments ayant une table cintrée ;
les cithares sur table munies d’un mécanisme à clavier comme le clavecin, le clavicorde et le pianoforte.
Le kantele se rattache à la tradition des instruments qui entourent la mer Baltique. Il s’apparente au kokle ou kuokle de Lettonie, au kankles de Lituanie, au kannel d’Estonie et au gusli russe.
Le kantele traditionnel se compose d’une caisse de résonance sans fond, de forme triangulaire, creusée à l’origine dans un seul bloc de bois, tendu de 5 cordes d’abord en crin de cheval, ensuite de fil de cuivre ou de métal. C’est un instrument diatonique à cordes pincées qui remonterait à deux milliers d’années.
Au début du 19ème siècle, l’instrument se transforme : reçoit un fond et les cordes se comptent jusqu’à de 10 ou 14.
A la fin du 19ème siècle, au moment de la période romantique, le kantele devient le symbole de l’identité finlandaise. On en arrive alors à un instrument de concert avec un mécanisme semblable à celui des harpes de concert qui permet l’altération des cordes en dièses ou bémols et qui peut compter alors jusqu’à 36 cordes.
Si le kantele est devenu l’instrument mythique de Finlande, c’est parce s’y rattache la grande épopée lyrique « Kalevala ».
Ce poème épique raconte comment le héros Väinämöinen a construit le premier kantele avec une mâchoire de brochet et un bloc de bois de bouleau. Les cordes provenaient de cheveux offerts par des jeunes filles.
Avec son instrument, il charmait la nature et les bêtes sauvages.( 1)
Le groupe Loituma (2) est un groupe folk qui allie la tradition et la composition avec des arrangements pleins de finesse. Ses musiciens ont étudié à la section « musique populaire » de l’Académie Sibelius d’Helsinki.
Tous quatre jouent du kantele à 5, 16 ou 36 cordes, s’y ajoutent parfois un violon et le chant.
Le chant est aussi très important : il peut être nostalgique, (la Finlande est le pays des lacs et des brumes du Nord), ou humoristique (comme dans la chanson « chanter te rendra paresseuse ») ou a capella pour chanter une polka.
Nous avons apprécié la grande musicalité du groupe aussi bien dans la musique traditionnelle avec des arrangements que dans les compositions personnelles.
Loituma combine la tradition vocale finlandaise avec les tonalités du kantele pour notre plus grand plaisir.
Vous pourrez encore les entendre lors du Festival de Gooik début juillet 2002.
Micheline Vanden Bemden-Casier
1. Dans la mythologie grecque, on retrouve ce même thème. Orphée, lui aussi, charme les plantes, les animaux avec la lyre.
2. Loituma est formé de :
Sari Kauranenkantele, chant
Anita Lehtola-Tollinchant, kantele
Hanni-Mari Turunenchant, violon, kantele
Timo Väänänenkantele, chant
CD : Loituma (The Folk Music Institute and Sibelius Academy Folk Music Department) KICD 36
(Article paru dans le Canard Folk de novembre 2001)