Ronderëm de Lëtzebuerger Volleksdanz

La danse folklorique luxembourgeoise au Grand-Duché et à l’ Ancien Duché / Der luxemburger Volkstanz im Großherzogtum und im ehemaligen Herzogtum / Folk dancing in Luxembourg

de Johanns, Roby / Schoup, Carlo, Engel, Eugène.

Paru en 2005

 

Le 50ème anniversaire du groupe luxembourgeois «l’Uucht et La Veillée», fondé en 1955, a été l’occasion de publier un magnifique «beau livre» de 549 pages de grand format, richement illustrées. Vite épuisé, il est cependant facilement dénichable en seconde main grâce à des responsables qui ne ménagent pas leur peine pour vous orienter vers un bouquiniste qui vend actuellement ce bouquin, et pour attirer votre attention sur un air wallon (notre maclote de Steinbach) utilisé pour des danses luxembourgeoises – un air parmi d’autres.

Le gros morceau, ce sont les pages 55 à 289 qui livrent en trois langues (luxembourgeois, français, anglais) le descriptif détaillé de 15 danses : le titre, les sources de collectage, la référence culturelle, l’analyse musicale et l’analyse chorégraphique, le tout par Paule Moris (1962-1997) dans le cadre de sa thèse sur les danses folkloriques luxembourgeoises. On remarque particulièrement la description chorégraphique très claire développée par le groupe : la méthode se veut différente de la notation Laban et de l’Orchésographie, et est très proche de celle utilisée par Rose Thisse-Derouette et Jenny Falize.

Ce chapitre débute par une description générale de 15 prises et de 26 pas, parmi lesquels un « pas de Maclote Lente » et un « pas sauté de Maclote Lente », tous deux sur 2 x 2 mesures en 6/8 (avec 8 mouvements par mesure), et un « pas Maclote d’Habiémont » (ou Nei-Maklott en luxembourgeois) formé de 2 pas sautillés et 3 pas martelés.

Les 15 danses décrites se répartissent en rondes (dont Chiberli et la danse à 7 sauts), menuets (celui de Marche-en-Famenne), contredanses (dont celle de Bastogne), maclotes (voir plus loin), une scottische, une polka et des valses (dont la valse ardennaise et celle de Bastogne). Il y a donc pas mal d’airs wallons dans cette liste. Côté maclotes , un cas particulier émerge, celui de la mélodie de notre maclote de Steinbach qui est utilisée dans deux chorégraphies distinctes créées par deux danseurs luxembourgeois : la maclote ronde (lente) et la maclote quadrille.

Ci-dessus : la « Maclote Lente » dansée par le groupe Uucht – La Veillée sur l’air de notre maclote de Steinbach.

Avant ce chapitre, la thèse débute par la difficulté de définir de manière précise ce qu’est une danse folklorique. Nous avons connu le même genre de discussion à propos de la musique traditionnelle…  L’auteure opte finalement pour « danse qui se rapporte à des faits traditionnels. C’est par exemple la danse tchèque de la cueillette du Pavot ».  Par ailleurs, « Une danse est populaire lorsqu’elle est née dans le peuple et exécutée par lui à tout propos et sans préparation ni  intention spéciale. Elle n’a d’autre but que le plaisir de danser ». Et « les costumes et les accessoires ont une certaine valeur représentative, ils sont censés renforcer le symbolisme de la danse ».

Le mouvement revivaliste, qui voulait prolonger des traditions ou même en faire naître, est ambigu bien que fort répandu. Les danses observées par l’auteure se rapportent généralement à des faits traditionnels ou des divertissements populaires qui ont évolué. Elles sont confinées dans des groupes privilégiés et sont difficiles à qualifier globalement.

L’évolution de la danse populaire en Europe est justement survolée avant d’attirer l’attention sur la diversité des styles nationaux. Il y eut pourtant beaucoup d’échanges, surtout lorsque les instruments ont remplacé le chant pour marquer le rythme. La féodalité a divisé les danses nobles et les danses populaires. La religion, en règlementant la vie quotidienne, a fortement influencé l’avenir de la danse. L’époque baroque, le classicisme, le romantisme et l’époque contemporaine sont passées en revue avant de détailler les quelques rares études, surtout récentes, relatives à la danse folklorique luxembourgeoise.

Viennent ensuite le gros chapitre trilingue sur l’analyse de 15 danses luxembourgeoises, puis la musique et les paroles des chants du groupe Uucht – La Veillée (dont « Zu Arel auf der Knippchen », puis un aperçu des publications sur le chant populaire depuis 1818: la mode vestimentaire d’antan et le costume folklorique ; des regards sur la danse, puis un historique détaillé d’Uucht – la Veillée et encore plein d’infos et plein de photos, c’est un magnifique ouvrage !

Et merci à Jacqueline Servais pour me l’avoir fait connaître !

Marc Bauduin