Les 26 et 27 mai 1984, deux journées furent consacrées à la Première rencontre internationale de l’épinette. Fougerolles, en Haute-Saône, déjà capitale du Kirsch, veut devenir capitale de l’épinette.
Cette petite ville a ses droits au titre: elle se trouve dans
l’aire géographique où, des Vosges à la Franche-Conté, an a retrouvé épinettes et épinettistes; pour tout dire, elle ne se situe qu’à quelques kilomètres du Val d’Ajol.
Le soleil, lui, n’était pas de la rencontre: il s’était même fait remplacer par la pluie; ainsi peut s’expliquer l’ambiance et le petit nombre de curieux. L’élite des épinettistes par contre s’y retrouvait au grand complet: citons pour la Belgique André Deru, Rémy Dubois, Paul Spinoit et quelques autres.
Parlons d’abord des luthiers: ils ont vécu une situation paradoxale : les professionnels auraient peu vendu alors qu’ils s’étaient fait un devoir d’être présents; mais tel luthier amateur local proclamait fièrement à la fin du premier jour avoir déjà écoulé toute sa production. En fait Saint-Chartier offre jusqu’à présent plus de choix à l’amateur d’épinette. Une deuxième rencontre va-t-elle relever ce défi ?
La musique entendue ces jours-1à valait le déplacement; peut-être les averses successives ont-elles desservi les groupes locaux qui souvent se sont présentés avec peu d’éclat; par contre le concert du samedi soir qui regroupait tous les grands noms de l’épinette fut remarquable.
Christophe Toussaint regrettait qu’on n’en puisse faire un disque cette année. Les techniques des instrumentistes paraissent aujourd’hui très différentes les unes des autres. Nous ne faisons pas allusion ici à la musicienne norvégienne ni aux duettistes « belges » Deru et Ribouillaut qui pratiquent un jeu traditionnel, mais à tous les musiciens français entendus.
Une explication plausible de cette diversité a été donnée par J.F.Dutertre le lendemain: les musiciens du Val d’Ajol et de Gerardmer que continue l’école actuelle ne se sont pas présentés avec une tradition cohérente comme en Flandre par exemple : les musiciens folk de la belle époque ont plus qu’ailleurs été des chercheurs et leurs pratiques individuelles ont ainsi créé la diversité.
Mérite aussi une mention toute spéciale la collection d’épinettes anciennes à l’Eco-Musée de Petit-Fahys à l’intérieur de la petite ville de Fougerolles.
Espérons que désormais ce jeune musée rural puisse accueillir de façon permanente une bonne part des instruments anciens qui pouvaient s’y admirer ce jour-là : nous avons en effet déjà regretté ailleurs que les collections publiques de la région fussent si pauvres en épinettes.
Les organisateurs feront certainement le bilan de ces deux journées. Qu’ils ne tiennent pas compte des effets néfastes du temps pluvieux, qu’ils pensent à augmenter les possibilités de logement pour le simple curieux, à un bar accueillant pour les mordus de discussions passionnées, mais surtout qu’ils ne craignent pas de récidiver: nous sommes persuadés que nombre de lecteurs du “Canard Folk » sont prêts à passer un week-end en mai prochain à Fougerolles… si la météo est bonne.
Micheline et Guy Vanden Bemden.
(article paru dans le Canard Folk , septembre 1984)