Pour ce qui est de la tarentelle, rappelons que le nom de cette danse italienne est en rapport avec la tarentule, araignée de la région de Tarente, dont la morsure peut entraîner la folie, quand elle ne provoque pas la mort. Une croyance populaire voulait qu’on ait quelque chance de guérir si l’on se livrait à une danse effrénée.
Ibsen a pu recueillir cette information pendant son long séjour en Italie. On a tout lieu de voir là encore une intention de la part de l’auteur. Nora a bien été «mordue», en quelque sorte, par le danger qui la menace, et elle envisage le suicide. Et quand son mari lui fait remarquer, à la fin du deuxième acte, qu’elle danse « comme si c’était une question de vie ou de mort », elle répond: «C’est bien le cas.» Le rythme endiablé sur lequel elle exécute la danse indique certainement qu’elle cherche à se débarrasser du poison de l’angoisse. Elle veut oublier. C’est bien ce que confirme sa décision d’improviser une soirée au champagne.
Extrait de IBSEN, Une maison de poupée, Introduction
Marie-Louise Carels
(paru dans le Canard Folk de juin 2008)