“ Aujourd’hui, quelque part au beau pays d’Ardenne, on fête une joyeuse noce. Et pendant que le jeune marié tendrement sourit à l’épousée tout émue, partout dans la grande salle on chante et danse au son du petit orchestre rustique.
Que piaule le violon, que vrombisse la contrebasse et que retentissent les redondances bonshommes du cor !
Les danses se succèdent : valses, “ maclotes ”, “ allemandes ” et les gentilles “ amoureuses ” dansées en lignes et qui miment si bien dispute puis réconciliation des garçons facétieux et des filles doucement effrontées ; et voici les passe-pieds et les polkas croisées et sautées où l’on tient bien haut, à bout de bras, sa cavalière, et enfin l’ “ arrèdje ” (l’enragé) hardiment mené !
A l’issue de chaque danse, les ménétriers font la quête, puis chacun s’élance à nouveau joyeusement !
Mais tout a une fin : la nuit est bien avancée déjà, et voici que les premiers à partir font leurs adieux et se dépensent en souhaits de bonheur et embrassent à qui mieux mieux les héros du jour.
D’autres suivent, et bientôt les musiciens jouent, un peu timidement, comme à regret, la toute dernière danse : un passe-pied, celui qu’ils offrent aux mariés… ”
Non, ceci n’est pas le compte-rendu du dernier mariage auquel j’ai assisté, mais le début du récit pour enfants “ Guillot le musicien ” écrit et illustré par René Hausman en 1970.
La suite de l’histoire raconte le retour de Guillot le violoneux à travers la forêt pendant la nuit et sa rencontre avec des loups . Tout d’abord, Guillot leur jette des morceaux de la tarte qu’il a reçue à la noce, puis les loups le poursuivant toujours, le violoneux a l’idée, tout en continuant à marcher, de jouer sur son violon toutes les danses qu’il connaît. Il échappe ainsi aux loups, déroutés par ces sonorités.
Dans la tradition des contes, on retrouve souvent l’histoire du musicien (violoneux, cornemuseux ou vielleux) qui échappe aux loups grâce à son instrument.
Pour ceux qui s’étonneraient de voir la bonne connaissance des danses de Wallonie par René Hausman, surtout connu pour ses dessins animaliers, il faut savoir que René Hausman a joué dans le groupe “Les Peleteus ” dans les années 1970.
Le passe-pied offert aux jeunes mariés pourrait s’intituler “ Passe-pîd po l ‘ rawète ” , les danses étaient payantes et si les ménétriers étaient contents des danseurs , ils leur offraient une danse gratis c’est-à-dire “po l’ rawète ” (en wallon : en surplus).
J’ai gardé ce livre acheté pour mes enfants au début des années 1970, alors que je ne connaissais pas encore le monde folk ainsi qu’un autre de la même collection : “ Grand coq ” écrit par Charles Degotte et illustré par Remy Dubois (oui, oui, notre facteur de cornemuses bien connu !)
Micheline Vanden Bemden-Casier
“ Guillot le musicien ” texte et illustrations : René Hausman, 1970
“ Grand Coq ” texte : Charles Degotte, dessin : Remy Dubois, 1969
Aux Editions Dupuis, collection du Carrousel
Après la parution de l’article ci-dessus, nous avons reçu les images suivantes :