En 2016 naissait un nouveau festival wallon centré sur la Ferme des Roses à Florenville. Un chouette projet dont les aspects sociaux (l’intégration des résidents de cette communauté), environnementaux (un marché de produits locaux) et musicaux (du folk bien sûr) attirent chaque année un public fidèle pour qui la convivialité est plus importante que la présence éventuelle de tel ou tel grand nom dans le programme. Le festival a lieu du 28 au 30 juin, c’était donc l’occasion de poser quelques questions au fondateur Frédéric Cornet, par ailleurs membre du groupe Tout Bout d’Chants.
Marc Bauduin
Quand, comment, par qui, et dans quel esprit le festival a-t-il été créé ?
La première édition du festival s’est tenue en juin 2016, mais l’idée a commencé à prendre forme dès 2015. L’envie d’organiser des soirées folk en Gaume était déjà présente depuis plusieurs années dans mon esprit. Cependant, la situation géographique de Florenville et de ses environs sur la carte du folk en Wallonie a rapidement imposé la nécessité d’imaginer cela sous la forme d’un festival d’un week-end, afin d’inciter plus facilement le public à faire le déplacement.
Quelques années auparavant, j’avais eu l’occasion d’animer une soirée anniversaire dans la grange de la Ferme des Roses. Cet endroit m’avait beaucoup plu et m’avait semblé idéal pour une telle organisation, offrant une grange pour les premiers bals, une jolie taverne pour se désaltérer, et une cuisine équipée pour la restauration.
J’ai alors contacté quelques amis de la sphère folk habitant dans la région, notamment Raymond PENNEMAN (agenda des danseurs), Michel DERU (Trivelin), et Martine MORLAND (qui animait des ateliers folk dans la région), afin de leur présenter le projet et le lieu, et de recueillir leurs avis. Mes trois camarades ont immédiatement validé l’endroit et l’idée même d’un festival folk en Gaume.
Participait également à cette première rencontre monsieur Jean-Claude MONCOUSIN, fondateur et président de la Clairière Arlon et de l’ASBL « Les Amis de la Clairière », un service d’accueil de personnes porteuses de handicaps au sein de plusieurs infrastructures, dont notamment la Ferme des Roses de Florenville. Il nous a proposé d’emblée de participer, au nom de l’ASBL, et d’assumer le volet financier du projet.
Cette proposition a ajouté une dimension sociale à l’aventure, marquant ainsi un sens éthique à notre démarche : l’intégration des bénéficiaires de la Clairière dans l’esprit de la fête et le retour des bénéfices éventuels vers les Amis de la Clairière pour aider aux projets d’activités annuelles à destination de ces mêmes bénéficiaires.
La première équipe était donc sur les rails avec pour objectif de monter une première édition attractive mais sans prendre trop de risques, afin d’évaluer la réaction du public, les interactions locales possibles, et le nombre de bénévoles motivés dans la région. Cette première édition s’est déroulée sur deux jours.
Le premier bilan était positif :
L’esprit de départ était axé sur la convivialité, la qualité musicale, la mise en avant de la région et de ses produits grâce à la mise en place d’un petit marché artisanal, auquel devraient s’ajouter quelques luthiers cette année, et l’intégration des résidents de la Ferme des Roses.
Le fait que le public ait été agréablement surpris par l’espace proposé, l’ambiance générale et la qualité de l’organisation est un indicateur fort de succès. Si de nombreux festivaliers ont pris part aux activités proposées, comme les bals folks, les concerts ou les animations, cela dénote un réel engouement pour l’événement.
L
‘ambiance conviviale et chaleureuse qui régnait sur le site du festival est un élément clé du succès. Si les participants ont pu se sentir à l’aise et bien accueillis, cela contribue à une expérience positive.
Le fait que les bénéfices éventuels aient été destinés à soutenir les projets d’activités annuelles de l’ASBL « Les Amis de la Clairière » démontre que l’événement a non seulement été bénéfique sur le plan culturel, mais aussi sur le plan social et solidaire.
L’intégration des résidents de la Ferme des Roses dans l’événement et le fait qu’ils aient pu participer activement à celui-ci sont des signes de succès en termes d’inclusion sociale et de communauté.
Ainsi, globalement, notre évaluation était positive : nous avons considéré que l’édition était réussie, que l’événement avait atteint ses objectifs initiaux et répondu aux attentes.
Que peut-on dire du processus de sélection des groupes (éventuel thème par année, préférences nationales ou régionales dans les choix des groupes…) ?
Dès le départ, l’équipe de programmation s’est articulée autour des 4 danseurs/musiciens à l’origine du projet, avec quelques critères de base qui sont restés chaque année les mêmes : Quelle musique aimerions-nous proposer ? Quel groupe nous a tapé dans l’oreille ? Qui voudrions-nous inviter en Gaume ? Quel répertoire de danse nous attire particulièrement ? etc… Bref, quels sont les goûts et les envies de chacun ? La seule décision qui est restée figée depuis le début, c’est que nous aimons programmer un groupe breton pour clôturer la soirée du samedi par un Fest-Noz.
Une fois la première liste établie, viennent les questions du statut public des groupes désirés. Quelles sont les têtes d’affiche potentielles qui peuvent tirer la programmation du week-end ? Qui peut proposer un atelier de danses particulières de sa région ? Quelle est l’actualité de chacun (sortie d’album, agenda copieusement rempli,…) ? Qui est déjà venu ou non en Belgique ? Quelle formation encore inconnue peut peut-être constituer une découverte surprenante ? Quels nouveaux projets régionaux pourraient faire leurs premiers pas chez nous en mode podium découverte ?
Vient ensuite la prise de contact avec les groupes repris dans ce premier tri. C’est généralement moi qui m’en charge, sauf si l’un ou l’autre membre de l’équipe a déjà un contact privilégié avec un musicien ou un groupe particulier.
Après ce premier contact et le retrait des groupes qui ne sont déjà plus disponibles aux dates du festival, vient le dernier tri. Le plus compliqué et le plus douloureux qui permet d’équilibrer l’affiche et bien entendu le budget !
Pour résumer le processus : qualité artistique ; envie et coup de cœur ; disponibilité et proposition artistique ; budget compatible avec l’enveloppe disponible.
Que dire de la programmation de ce festival 2024 ?
Le vendredi 28, nous avons tablé sur une programmation qu’on peut qualifier de Nationale/régionale !!!
Hot griselda : quatuor virtuose du nord du pays avec plusieurs musiciens renommés ayant déjà foulé la scène du festival avec d’autres projets. Mission : lancer le festival avec énergie et donner des regrets aux retardataires !!!
Trio Jeanlo : on peut presque les qualifier de régionaux puisque nous retrouvons, ici, un musicien déjà connu de notre festival par le passé et un groupe originaire de la région nancéenne pas très éloignée de notre Gaume. Mission : attirer les danseurs du Grand-Est français !!!
Bouton : tout nouveau projet électro/trad d’un quatuor liégeois, fraîchement sorti du collectif Accord’art. Avec, comme figure de proue, un certain Joachim Loneux qui fait danser la Cité Ardente et bien plus, depuis de nombreuses années. Mission : faire souffler un vent de fraicheur sur le festival !!!
Le samedi 29 reste dans la tradition du festival avec trois ateliers, danses de couple (avec Micheustef), danses du Québec (A. Capezzuoli) et l’équilibre dans la danse (Bargainatt).
Ensuite, le reste de la journée est une invitation au voyage, en partant bien entendu de notre petit royaume avec Accords perdus et descendant lentement vers le sud de la France avec Duo Pacher-Roblin, Bargainatt, Caminarem…. et l’Italie avec Andrea Capezzuoli, sans oublier un petit crochet par la Bretagne avec Eris.
Le dimanche 30, nous nous réveillerons en douceur avec un atelier et un bal du S/O de la France avec le duo Nokkenoc. Leur prestation sera teintée de sonorités scandinaves puisque le nyckelharpa s’invite dans ce bal et ne nous quittera plus durant l’après-midi !! En effet le groupe découverte de cette édition Aïe mon pied! Trio et le trio namurois ËA qui présentera son tout nouvel album, berceront également nos pas au son de cet instrument magnifique !!! Le festival se clôturera en fanfare avec la prestation attendue du trio Tribal Jâze.
Le traditionnel bal pour familles/enfants se tiendra dans la grange. Animé par le p’tit bal à Oli et Lisa. Durant le week-end, diverses activités seront proposées aux enfants (clown, sculpture de ballon, animations proposées par les artisans…).
Les bénévoles : toujours un point délicat ? Combien sont-ils ? Y a-t-il un noyau de fidèles ? Quels arguments les ont convaincus…
Comme ailleurs, l’intégration de bénévoles est un sujet préoccupant. Cela dit, nous pouvons compter depuis le début sur un noyau de fidèles issus des Amis de la Clairière et des sympathisants du projet d’accueil, ainsi que sur nos familles et quelques musiciens/danseurs de Gaume.
Ceux-ci sont motivés par le plaisir d’accueillir, de danser ou de proposer une activité ludique aux résidents de la Ferme des Roses. Une autre motivation est de voir une proposition trad folk d’envergure dans notre région, en complément des organisations régulières de l’ASBL « Tradtonic », qui œuvre magnifiquement dans la région de Neufchâteau.
Nous avons également la chance de recevoir chaque année le soutien de quelques bénévoles venant de bien plus loin, qui consacrent une partie de leur temps au bon déroulement de la fête.
Comment le festival a-t-il évolué depuis ses débuts ? avec quelles difficultés rencontrées ?
Depuis ses débuts, le festival ne cesse de grandir, tant par la qualité de la programmation, que par le taux de fréquentation et l’agrandissement des espaces de danses.
Pour que le festival soit gérable et à taille humaine, nous nous sommes imposés dès le début, de nous en tenir à deux scènes qui jouent en alternance. Ceci permet de ne pas faire exploser le budget ; de maintenir une atmosphère conviviale et familiale ; et surtout, de permettre aux danseurs de participer à chacun des bals ou ateliers proposés sans avoir à choisir une scène plutôt qu’une autre.
Même si la grange de la ferme était et reste un point central du festival (c’est là que tout a commencé), elle accueille aujourd’hui la scène 2 et passe le flambeau au chapiteau de la cour qui peut recevoir plus de monde. Cela pourrait encore s’inverser car le site de la « Ferme des Roses » est en continuelle évolution et « les amis de la Clairière » ne manquent pas de projet pour aménager et améliorer les différents espaces.
Ce qui me fait espérer un bel avenir pour « Bals et Roses » c’est que malgré l’annulation de trois éditions consécutives, suite au COVID, la relance de 2023 a été un magnifique succès, avec une équipe qui n’a pas baissé les bras, de nouvelles énergies qui ont rejoint le projet et un public toujours plus nombreux et chaleureux.
Les futurs objectifs sont donc, de grandir encore un tout petit peu, trouver un rythme de croisière et tenter de garder une programmation de qualité sans vouloir battre de records, si ce n’est celui de la convivialité !!!
Toute l’équipe de « Bals et Roses » et les résidents de la Ferme des Roses vous donnent donc rendez-vous les 28, 29 et 30 juin prochain à Florenville !!!
www.facebook.com/festivalbalsetroses