Un réveillon folk de cinq jours en Tchéquie, c’est ce que proposait le Folk Marathon. De quoi allécher Arthur Bauduin, violoneux, qui au départ pensait s’y rendre seul en avion. Petit à petit d’autres personnes se sont montrées intéressées, au point que c’est finalement une bonne quinzaine de personnes qui sont parties de Belgique en voiture (ce qui prend une douzaine d’heures). Arthur et ses soeurs Charlotte et Emilie nous expliquent comment le réveillon s’est déroulé.
Marc Bauduin
Q : Quel genre de public était présent ? Surtout des jeunes ?
R : Il y avait environ 300 personnes, dont au moins une moitié de musiciens d’excellent niveau, entre autres des habitués des rencontres Ethno. Les 20-30 ans formaient une grosse majorité. Il y avait des Tchèques bien sûr, des Allemands, Suédois, Français, Chiliens, Syriens, Anglais, Espagnols, Néerlandais, Belges … et on parlait généralement anglais. C’était super cool, quelle ambiance !
Q : Comment se déroulaient les journées ?
R : En journée, il y avait des ateliers, dont l’organisation était improvisée. En arrivant sur place, on demande : qui veut bien donner quel atelier ? On note ça au marqueur sur une grande feuille de papier, c’est le programme. Il y avait des ateliers de polskas qui ont eu un gros succès, alors que juste à côté les jotas n’accueillaient que 6 couples de danseurs. Il y avait des danses bretonnes, polonaises, kurdes, “historiques” (branle des pois et autres), macédoniennes, tchèques, de bal folk, forro… et des ateliers pour musiciens comme guitare dagdad, airs des Balkans, airs anglais … également des chants bulgares, du free voicing …
Q : C’est quoi, le free voicing ?
R : Quelqu’un commence à émettre un son, les autres suivent en s’ajoutant un à un ou pas, on arrête quand on veut, apparaissent des “boum ba da boum”, des percussions corporelles, des bêlements, des chants, des cris … tout ça en grand cercle pour que tout le monde se voie, et en faisant en sorte que le son circule dans le cercle. A la fin on se divise en deux lignes face à face, la monitrice impose une mélodie à une des lignes et l’autre ligne doit improviser. Tordant !
Q : Il y avait des sessions pour musiciens, sans doute. Avec quels instruments ?
R : L’après-midi et le soir, il y avait plusieurs jams simultanées. Avec des violons, épinettes, quelques cornemuses, une vielle à roue, une harpe, des nyckelharpas, cajons, flûtes traversières, tin whistles, violoncelles, guitares, accordéons diatoniques et chromatiques, une viole de gambe, une contrebasse, un hardingfele … Les jams et les ateliers, vu leur nombre, avaient lieu dans plusieurs bâtiments tout proches. Il y avait encore des jams après les bals : des jams balkaniques, chiliennes, suédoises, irlandaises …
R : Le 30 au soir, on a fait une “klandestina” dehors, en plusieurs endroits de la ville, notamment sur une place autour d’un sapin, tout près du tram. Marrant comme ambiance, avec des curieux qui venaient regarder. Il s’est mis à neiger … Le 31, le bal avait lieu ailleurs jusqu’à trois heures du matin. Nous sommes revenus en bus au bâtiment principal. Il y avait une vingtaine de personnes à l’arrêt de bus, notre groupe de Belges s’y ajoute, puis on voit encore trois fois plus de musiciens qui arrivent en jouant dans la rue. Tout ce monde est entré dans le bus ! On était serrés comme des sardines, certains jouaient ou chantaient. Le bus, hyper-chargé, avait du mal à démarrer !
Q : Et côté aspects pratiques, dormir, manger ?
R : On a peu dormi mais on s’est bien amusés ! Nous avions choisi la formule la moins chère : la grande salle de gym comme dortoir. Une énorme salle avec de grandes vitres, des planches qui craquent, de nombreuses allées et venues … D’autres avaient choisi une auberge de jeunesse ou un hôtel. Pour la bouffe, comme rien n’était organisé sur place, nous allions au resto le soir. La vie n’est pas chère en Tchéquie, et la pils coûte moins qu’une bouteille d’eau.
Q : Qui sont les organisateurs du Folk Marathon ?
R : En fait les organisateurs changent chaque année, ce n’est pas une association fixe. Cela a commencé à Vienne, et l’an dernier c’était à Tübingen. Pour 2018 ce n’est pas encore fixé, il y a plusieurs candidats.
Q : Que retenir comme souvenir ?
R : On s’est amusés sans arrêt pendant plusieurs jours ! En toute convivialité : il n’y a pas eu de vols malgré le nombre de sacs et d’instruments.