Giulio Quirici, guitariste et compositeur italien (de Vicenza) basé à Bruxelles, nous a contactés avant tout pour faire part de la prochaine sortie de son cd 3 titres (trois de ses compositions) intitulé “Day One”. C’est aussi le nom du duo qu’il forme avec le violoncelliste Petr Hamouz; lui-même y joue de “son prototype de guitare à 7 cordes”. C’est ce qui a éveillé notre attention… Par ailleurs, il joue du théorbe baroque, et est actif dans un ensemble de musique de chambre avec tournées internationales à la clé. Il est aussi enseignant et producteur. Nous lui avons donc posé quelques questions.
Q : Votre prototype est basé sur quel instrument ?
R : Ce premier modèle a la forme du corps basée sur les guitares acoustiques du début du XX siècle comme les Martin, mais à une une échelle plus petite. Le reste de l’instrument (comme l’accord et le nombre de cordes) est une idée nouvelle.
Q : Pourquoi 7 cordes ? Où se situe cette nouvelle corde, et à quel besoin voulez-vous répondre ?
R : Le fait d’avoir 7 cordes n’a pas pour fonction d’augmenter l’ambitus de l’instrument (comme la guitare jazz à 7 cordes), mais plutôt de diminuer l’intervalle entre chaque corde. L’accord de cet instrument a des intervalles plus proches que l’accord par quartes de la guitare : cette 7ème corde fonctionne comme un intervalle intermédiaire entre la 5ème et la 6ème cordes d’une guitare. De plus, les cordes sont courtes et le « registre » est plutôt celui d’une guitare ténor. Cela permet une sonorité plus proche de la harpe.
Q : À quel(s) répertoire(s) convient-elle le mieux ? Concert ou bal, de quelle époque …. ?
R : J’utilise cet instrument pour jouer mes propres compositions. Mais (comme les guitares « normales ») elle convient à tout type de musique ! Ce modèle est acoustique, mais je suis en train de travailler sur un modèle électrique aussi.
Q : Pourquoi l’avoir voulue démontable ? Que répondez-vous à ceux qui pensent que ces montages et démontages vont user prématurément le bois ? Et ne faut-il pas chaque fois réaccorder plus longtemps l’instrument ?
R : Le point de départ a été une construction modulaire pour mieux pouvoir remplacer des parties pendant la phase de développement. Mais aussi pour la porter en tournée quand je dois porter déjà d’autres instruments, c’est très pratique qu’elle puisse être démontable pour l’avion. Oui, je la démonte seulement si nécessaire, car il faut l’accorder de nouveau à chaque montage. Par ailleurs, le mécanisme est très simple et n’abîme pas le bois.
Q : Pensez-vous que d’autres instruments pourraient aussi être rendus démontables, sans nuire à leur qualité ? Lesquels ?
Oui, j’ai des collègues contrebassistes qui utilisent les « screw-on neck » et ce design est utilisé souvent dans les guitares électriques. Je ne trouve pas que cela ait une influence sur la qualité du son. Je suis aussi théorbiste et il y a aussi des exemplaires de théorbe du 18ème siècle avec le bras qui peut se détacher de l’instrument (!)
J’espère que vous aurez eu l’opportunité d’écouter aussi ma musique et que celle-ci vous plaira !
Infos : www.giulioquirici.com.
Ndlr : mais oui, les compositions de Giulio sont belles, bien qu’elles évoquent un monde peu connu dans le folk, d’où notre absence de repères. Calme et sereine malgré quelques très brèves éruptions, la musique évolue délicatement, guidée par la sensibilité de ces deux excellents musiciens.
Marc Bauduin
(article paru dans le Canard Folk en juillet 2020)