Qui ne connaît cet air entraînant, pétillant, bien de chez nous, qu'est la polka de Célestine ? Comme tant d'autres airs wallons, elle a été vulgarisée par Rose Thisse-Derouette dans un de ses fascicules pour la Commission Royale Belge de Folklore. Et pourtant ... cet air est-il correct ? Et s'agit-il vraiment d'une polka ? Les spécialistes disent depuis longtemps que Thisse-Derouette, dans sa présentation de musiques et danses traditionnelles, a modifié des choses sans le dire.
Il y a quelques mois, Bernard Vanderheijden m'écrit que, parcourant par hasard les partitions wallonnes sur le site du Canard, il est tombé sur la "polka de Célestine" qu'il ne parvient pas à trouver dans le manuscrit Houssa. Pourtant Thisse-Derouette, dans son fascicule 10 paru en 1978, écrit bien que Célestine Fanon a mis cet air, avec trois autres danses, dans le manuscrit Houssa.
Après quelques recherches, on retrouve finalement cet air dans le manuscrit (page 52), mais, grosse surprise : sans titre, sans clé, sans armature, et avec au moins une mesure qui est différente. Et sans signes de répétition des phrases.
Puisqu'il n'y a ni clé ni armature, on peut formuler plusieurs hypothèses sur le mode de la mélodie :
- soit on joue l'air littéralement comme on le voit, sans dièzes ni bémols. On est en mode de Ré, inhabituel dans nos mélodies de danses traditionnelles.
- soit on suppose que Célestine a oublié de mettre un bémol à la clé. On est alors en Ré mineur, plus précisément en "mineur antique".
- soit on suppose que, comme les autres airs de Célestine dans le manuscrit, on est en majeur.
Voyons ce que cela donne, tout d'abord en mode de Ré :