Schaerbeek 1959. Source : “Rondes et jeux de fillettes à Liège” par Rose Thisse-Derouette.
Voici le simili-flamand jargonné par les fillettes liégeoises. Il correspond à la version flamande donnée par Laura Hiel pour Hoogstraten.
Karlin’ déïom, del variostra,
in’‘de gueï, in’ de gueï,
in de gueï yon’stram.
Et’yom dis put, del vos os stram,
in de gueï, in de gueï om stram.
Kamesiste vers l’aurore,
Kamesiste, Rosa ! (bis)
Refrain
Rosi, Rosa, kamesiste, kamesiste
Rosi, Rosa, kamesiste, Rosa !
Reconstitution du texte flamand
Er leip een oude vrouw op de straat
in de kei, in de kei, in de keizerstraat
Zy had een aardig mutsken,
Op de kei, op de kei, op de keizerstraat.
Traduction
Une vieille femme marchait dans la rue,
dans la rue, dans la rue, dans la rue de l’empereur
Elle avait un beau petit chapeau,
dans la rue, dans la rue, dans la rue de l’empereur.
Ce texte flamand est à rapprocher du sujet adapté au “Carillon van Duinkerque” (n°10, p.13 de la compilation Closson) où l’on énumère un accoutrement cocasse : une jupe de calemande (ancienne étoffe lustrée d’un seul côté qu’on employait dans l’ameublement), ... une poêle à frire sur la tête, et où il est aussi question de rue : “... Sais-tu où je demeure ? Dans le quartier de Saint-Gilles”.
Le sujet découle de “Rosa, willen wy dansen ?” (Rosa, voulez-vous danser ?) et du “Rosa, willen wy kiesen ?” (Rosa, voulez-vous choisir ?) dont Fl. van Duyse donne des versions pour les Pays-Bas.
La première de ces versions est semblable à celle donnée par de Coussemaker et rattachée musicalement au timbre “C’est le curé de Môl”.
A Liège et dans le Hainaut, de même qu’à Schaerbeek, d’après une élève, les refrains, en forme de valse, sont identiques, de même que le couplet, qui provient de la contredanse “Le Carillon de Dunkerque”, toujours joué au carillon de la ville de Jean Bart. Nous l’avons entendu incorporé dans une polka allemande.
La version musicale qu’en donne Laura Hiel est malmenée dans la carrure des phrases; la répétition de “in de kei” est répartie sur quatre mesures, puis sur trois. Fl. van Duyse confirme qu’il s’agit d’un vieil air français, de même que Desrousseaux.
A Liège, en 1954, au faubourg Sainte-Marguerite (ouest), les fillettes chantaient la version bilingue; on ne la chante plus qu’en français, de même qu’à Awans (Hesbaye liégeoise), Angleur et Esneux (vallée de l’Ourthe), Blégny-Trembleur (Pays de Herve) ...
La version liégeoise comporte un motif intermédiaire, non présent dans la ronde de Saint-Ghislain, ce qui permet la pantomime du baiser.
Jeu :
A. La soliste tourne, sautillant et les mains aux hanches, en sens opposé de la ronde qui l’entoure.
B. Elle s’arrête devant une danseuse en disant : “Je vous aime, Rosine !”, lui fait une révérence et l’embrasse; puis, devant une autre (à son choix) : “Je vous aime, Rosa !”, puis encore devant une troisième et une quatrième, toujours avec la révérence et le baiser, et sans ordre obligé, l’élue sautille en même temps que la soliste.
Au refrain, la dernière embrassée s’avance au centre, les deux fillettes, face à face, deux poings sur les hanches, dansent trois pas à gauche, trois pas à droite, pivotent 1/2 tour cam (3ème et 4ème mesures du 3/4), balancent dos à dos deux mesures, refont le 1/2 tour am. Pendant ce temps, la ronde, sur place, bat des mains à tous les premiers temps, mais chacune pivote aux 3ème et 4ème mesures, puis aux 7ème et 8ème mesures.
La ronde recommence avec la dernière embrassée.
Voici le fichier audio au format Midi
Cette ronde, plus complète, a été notée à Binche par Maurice Vaisière en 1954, note Roger Pinon sans le titre donné par Albert Libiez : “Je choisis la plus belle”.