Danses trad/folk enfants à Libramont – Rémi Decker et Carine De Lauw
Un stage de danses et musiques de nos régions pour enfants à Libramont en juillet, dans le cadre de l’Académie d’Eté de Neuchâteau,était l’occasion de poser quelques questions aux deux moniteurs. Comment faire en sorte de transmettre une passion à des enfants de 8 à 12 ans durant toute une semaine ? Rémi,et Carine par son intermédiaire, nous précisent ainsi leur démarche.
Marc Bauduin
Q: Rémi, on te sait un peu touche-à-tout : cornemuse, guitare, chant, compositions, « Belgian groove », …mais un stage pour des enfants, est-ce que ce n’est pas très différent ? L’as-tu déjà fait? Quelle sera votre démarche pédagogique, par exemple pour arriver à intéresser les enfants pendant toute une journée ? Y aura-t-il des jeux?
Rémi :Ce stage sera en collaboration avec Carine De Lauw, qui travaille régulièrement avec des enfants, et qui est l’initiatrice de l’idée. Elle s’occupe de la partie danse. Son approche à la danse est très « musicale » et ça coulait presque de source d’avoir quelqu’un à ses côtés pour ouvrir le côté musical. Je travaille régulièrement avec des enfants de tout âge :les miens d’abord (j’en ai 3), mais aussi à travers les Jeunesses Musicales en Flandre et en Wallonie et divers cours d’éveil artistique que j’ai donnés dans le passé.
Carine : Le changement d’activités sera de mise, c’est certain !Le temps de l’apprentissage, le temps de la mise en forme concrète de la danse ou la musique ne sera jamais monotone. L’activité elle-même sera présentée sous forme de jeu puisque tout est super ludique !!
Permettre à l’enfant-danseur de séduire, en proposant un contenu adapté à chaque niveau et faire d’une rencontre (spectacle de fin de stage, par exemple) un temps fort qui soit,pournos petits loups, un point d’ancrage leur permettant de poursuivre ou d’étendre l’activité.
Il s’agit pour l’enfant d’accéder à un langage corporel, visuel, sonore, en s’appropriant des techniques spécifiques qui lui donneront les clés d’un nouvel univers culturel tout en le structurant à différents niveaux.
Ce projet ne forme pas des danseurs ou des musiciens (quoique ???) mais accompagne l’enfant dans son développement en offrant la diversité culturelle et lui permet de se confronter à l’art vivant.
Q:« la musique et la danse traditionnelle de chez nous » : je suppose que vous voulez dire « de Belgique » ?As-tu par exemple l’intention de faire chanter les enfants dans les deux langues ?
Carine : Non, pas rien qu’en Belgique…. « Chez nous »veut dire : « de l’Europe occidentale ». Nous essaierons de refaire vivre toutes ces danses et musiques dites « oubliées » ! Les faire chanter? Pourquoi pas, dans beaucoup de régions, les danses sont chantées !
Rémi :Les histoires de langue, de culture, de région sont des inventions d’adultes. Les enfants ne s’en préoccupent que très peu. Ce que nous voulons dans cet atelier, c’est que les enfants s’amusent avec un patrimoine (mal connu) : le nôtre. Mais loin de nous l’idée d’en faire des ethnomusicologues en herbe ! Le plaisir et le partage sont le moteur des traditions populaires, pas la connaissance, ni la virtuosité. Que ce soit une chanson en wallon, en flamand, en chinois ou en azerbaïdjan, peu nous importe au bout du compte. « La musique et la danse traditionnelle de chez nous », mais sans frontières hermétiques. La tradition est une éponge, pas un pot tupperware 😉
Q:Chez les jeunes, une différence d’un an peut être énorme. Pourrez-vous les motiver tous ensemble malgré la relative disparité des âges ?
Carine : De ce côté-là, il n’y a vraiment aucuns souci. Anciennement, les danses étaient apprises dans les écoles par un maître à danser, qui était là, au même titre que le professeur de math/français et il apprenait les danses de sa région à tous les enfants réunis. Chacun y trouvait son compte, à son propre niveau. De plus, les plus jeunes sont« tirés » par le haut par les aînés et ces derniers seront fiers de se responsabiliser auprès des plus jeunes.
Faire de la danse (ou de la musique) avec les autres, c’est offrir à l’enfant une mise en valeur de sa personnalité à travers un langage corporel expressif. La danse répondà des besoins fondamentaux, c’est pour cela qu’elle est un chemin d’éducation. Elle met en jeu la triade « corps, cœur,esprit ».
Une large tranche d’âge renforce la collectivité !
Le travail en groupe et les danses et musiques collectives favorisent l’écoute, l’attention à l’autre, l’échange, le respect, la tolérance, la communication et la collaboration dans un projet commun.
Q: Pourquoi avoir choisi la tranche d’âge 8-12 ans ?Ne craignez-vous pas que les plus âgés trouvent cela un peu ringard (qu’en penseront leurs copains) ?
Carine : Au contraire, les musiques et les danses folk/trad sont tellement conviviales et ludiques que tout le monde s’y retrouve. Il est cependant clair que les « 12 ans » osent moins se donner la main, par exemple, mais avec le discours que nous leurs tenons, nous garantissons un succès et aucune appréhension de ce côté-là … au bout de 5 minutes !
Rémi :Je pense que c’est justement avant l’adolescence qu’il faut proposer aux jeunes le plus de choses différentes,quand ils sont encore ouverts et curieux…Et c’est eux qui seront le public et les acteurs potentiels du trad de demain…
Q: As-tu, Rémi, l’intention aussi de les faire jouer d’un instrument ? Quel(s) instrument(s) ? Peut-être aussi de leur faire construire un instrument simple (maraccas, …) ?
Rémi :Suivant les envies du groupe, la construction d’objets sonores sera de la partie, mais dans une optique d’utilisation créative : du travail d’ambiance sonore (traduction d’une histoire en sons), d’éveil musical (rythme, hauteur de note, notion de volume etc…) et naturellement aussi l’accompagnement musical des danses. Les enfants jouant d’un instrument sont d’ailleurs invités à le prendre avec eux. Les faire entendre, toucher, essayer les instruments traditionnels(accordéon, flûtes, cornemuses, percussion) est naturellement au menu. Et je prévois une session d’initation à la cornemuse !!! (c’est les parents qui vont être contents …héhéhé!)
Q: Quels souvenirs ramèneront-ils de leur stage ?(cd, description de danses, vidéo, …)…
Carine : Une envie folle de revenir… de continuer, d’en parler autour d’eux! Et oui, bien sûr, ceux qui le désirent auront les descriptions des danses.
Rémi :les souvenirs « matériels »importent peu. Qu’ils passent du bon temps à danser sur ces musiques, à les chanter et les jouer vaut mieux qu’un carton plein de brol qui finirait à la poubelle…
Q: Faites-vous de la publicité dans les écoles pour ce stage ? Ou dans d’autres lieux fréquentés par des enfants ?
Carine : Nous essayons de toucher un maximum de personnes car nous sommes convaincus que cet atelier/stage est vraiment une énorme opportunité pour nos chères têtes blondes. Tout le bien que procure ces activités est tellement énorme ! Je donne actuellement cours dans plusieurs écoles à raison de 3jours/semaine.
Rémi :Le plus difficile est de convaincre les parents … ou mieux dit : de les rassurer que leurs enfants seront en de bonnes mains, avec des animateurs qui ont des choses à partager et qui n’ont qu’une envie : élargir et nourrir leur créativité et leur imagination. L’année dernière, le stage a été annulé faute du nombre d’inscrits minimum. Cette année,on veut faire le maximum pour que le stage ait lieu. Après, on compte aussi sur le bouche-à-oreille.
Q: Pourquoi ne pas faire ce stage à Neufchâteau, pendant que les parents participent eux aussi à un stage de musique/chant/danse traditionnel ?
Carine-Rémi : Parce qu’il n’y a, malheureusement, aucune infrastructure à Neufchâteau pour accueillir les enfants ! Il est évident que nous aurions préféré nous trouver à Neufchateau puisque c’est la semaine trad/folk et qu’à Libramont, ce sont surtout les arts « plastiques ». Mais la navette Neufchâteau-Libramont est possible et peut-être co-voiturée !
Infos pratiques Stage du 6au 11/7 à Libramont dans le cadre de l’AKDT .
« Mouvement » et « son » sont les mots-clefs de cet atelier animé par Carine De Lauw, danseuse, et Rémi Decker, musicien.
Danses et musiques conviviales, empreintes de culture et d’histoire afin de faire revivre les musiques et les danses de nos régions qui font parties intégrantes de notre patrimoine culturel!
Tantôt musiciens, tantôt danseurs, ce stage favorise l’écoute, l’attention à l’autre, l’échange, le respect, la tolérance et la collaboration dans un projet commun. Les enfants auront l’occasion de bricoler des petites percussions,flûtes et autres objets sonores. Ces instruments serviront à la composition collective de musique pour la danse.
Aucun prérequis pour cet atelier, hormis de la graine d’enthousiasme à faire germer!
Info& inscriptions: www.akdt.be – +3261225479OU 047356 3008 (Rémi) –0495670822(Carine)
(publié dans le Canard Folk de juin 2015)