Voici un texte sur une danse populaire … au Chili : la cueca.
Nous la voyons encore régulièrement dansée ici à Liège dans les fêtes organisées par les amis chiliens. Mais je n’aurais pu en parler aussi bien que Cl.Emonts.
Marie-Louise Carels
Ah, la cueca. .. !
Une musique, une danse, qui sont les véritables emblèmes du Chili, parmi les plus sensuelles que je connaisse pour tous ceux, en tous cas, dont le cerveau est l’organe sexuel principal; une danse où l’homme et la femme miment, sur un rythme saccadé, la parade nuptiale d’un oiseau imaginaire et si humain… Chacun tient un mouchoir dans une main et le fait tournoyer au dessus de la tête ou dans le cou du partenaire, le passe langoureusement dans le dos de l’autre ou dans le sien, en frôlant, sans jamais toucher. Tout est ici symbole de la conquête amoureuse, tandis que les pieds scandent, les talons claquent, et que l’homme tourne autour de sa proie… symbolique. Les regards s’échangent, les poitrines se cabrent et la foule exulte, battant des mains, chantant à tue-tête dans un joyeux mélange de générations. La musique saccadée de la guitare, du piano et de l’accordéon portent l’assistance aux nues, et l’on sent comme un profond bonheur passer de table en table, au milieu d’un bruit assourdissant que répercute la petite pièce. Chacun sait ici ce que phantasme de l’autre veut dire dans ces si beaux appels du corps et des yeux. On passe maintenant du répertoire de Roberto Parra (le frère de Violeta, Roi de la cueca) à celui de Gardel, le dieu-tango. Mélange étrange.
Claude EMONTS, Vuelvo al sur, Je reviens vers le Sud, Liège, Ed. du Céfal, 2005
Cl. Emonts est le fondateur de l’ASBL « Vent du Nord, Vent du Sud » qui soutient depuis des années (avant le coup d’État de 1973) des projets (dispensaire médical, animation pour enfants et jeunes, groupes de femmes) dans des bidonvilles au Chili. Il est aussi président du CPAS de Liège.
(paru dans le Canard Folk d’octobre 2006)