Le Chemnitzer Konzertina

Le Konzertina fut mis au point à Chemnitz (Karl-Marx-Stadt durant la période de la RDA). C‘est une ville qui compte actuellement 245.000 habitants et qui est située à l’ouest de la Saxe.

Selon certaines sources, l’inventeur allemand Carl Friedrich Uhlig créa son premier concertina après avoir vu l’instrument de Charles Wheatstone qui porte le même nom. Selon d’autres sources, les deux hommes auraient inventé leurs instruments indépendamment l’un de l’autre. Le brevet déposé par Uhlig date de 1834.Celui de Wheatstone remonte à 1829, mais il faut attendre 1844 pour qu’il lui donne le nom de concertina.

Le Chemnitzer Konzertina est de section carrée (il ressemble au bandonéon qui sera mis au point plus tard). Les claviers consistent en boutons cylindriques de chaque côté, arrangés de manière à former une courbe.Les deux mains sont maintenues à distance utile des claviers au moyen de lanières. L’instrument est bisonore, ce qui veut dire que chaque bouton correspond à deux notes, une quand on ferme le soufflet, une autre lorsqu’on l’ouvre. Pour chaque note, deux, trois ou jusqu’à cinq anches sont actionnées. Les anches sont généralement en acier. Le premier instrument de Uhlig avait cinq boutons de chaque côté, mais, très vite, il en a ajouté d’autres.Actuellement, le Chemnitzer compte 38, 39 ou 52 boutons.

Le Chemnitzer Konzertina s’utilise principalement en musique folk ou traditionnelle (Europe centrale et orientale) ainsi que par des immigrants, principalement des Allemands aux États-Unis. La version à 52 boutons peut, cependant, être utilisée pour d’autres types de musiques.

 

Le bandonéon

Inspiré du concertina allemand de Uhlig, il semblerait que la demande croissante d’étendre la tessiture de l’instrument et la volonté de jouer dans toutes les tonalités, ait poussé à l’invention du bandonéon.

Heinrich Band,qui possède un magasin d’instruments de musique à Krefelden 1843, a conceptualisé le nouveau système de claviers. Plus tard en 1847 Friedrich Zimmermann fabrique aussi des bandonéons à Carlsfeld. On trouve sa trace à l’exposition universelle de 1851 à Londres où il présente ses instruments. Les termes de « bandonion » puis « bandonéon » arriveront plus tard, en 1854, et viennent d’un hommage rendu par le fabricant et les premiers musiciens à Henrich Band qui défendait ce nouvel instrument en éditant notamment des partitions, une méthode et en revendant les instruments sous la marque « Band-Union ».

Cet instrument est dans un premier temps destiné à jouer du folklore d’Europe centrale. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le bandonéon arrive en Argentine. Il devient l’instrument emblématique du tango. Alfred Arnolden en est la marque mythique.

 

En Franconie

Le konzertina a été adopté largement en Bavière du Nord (Franconie) grâce à un fabricant, Andreas Hader, qui installa un atelier dans la région de Bayreuth en 1901.Comme type d’accordéon, il ne fabriquait que des konzertinas, mais composa aussi nombre de valses, ländler, rheinländer, scottisches dont il vendait les partitions en même temps que ses konzertinas. Lorsqu’il vendait ses instruments, il offrait une semaine de cours aux acheteurs dans une taverne locale.

Aujourd’hui encore, le konzertina reste un instrument très joué dans cette région d’Allemagne. Des études musicologiques lui ont été consacré, notamment à l’Université de Würzburg et de Bamberg. La Franconie (en allemand Franken) est une région géographique et historique du centre-sud de l’Allemagne. Depuis 1815, elle fait partie de la Bavière, dont elle représente aujourd’hui environ les deux cinquièmes nord du territoire. Les villes principales sont Nuremberg, Würzburg, Fürth, Erlangen, Bayreuth, Cobourg et Bamberg.

En 1998, un CD est consacré à l’instrument. « Die Konzertina in Franken». Le carnet d’accompagnement, richement documenté (mais uniquement en allemand), nous explique l’histoire de l’instrument et décrit les musiciens qui participèrent à l’enregistrement. Un glossaire donne de précieuses explications sur les danses jouées. Le CD compte 32 plages d’airs traditionnels ou non: des ländler, galops,polkas, scottisches, des rheinländer, mais aussi des« tubes » entendus à la radio. Parfois, le konzertina accompagne le chant.
Ce CD est disponible sur Amazon.

Sources documentaires : Wikipedia et notes accompagnant le CD« Die Konzertina in Franken ».
Pour des exemples musicaux, voir le site de l’université de Würzburg: www.musikwissenschaft.uni-wuerzburg.de/i
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Un peu compliqué, mais ça vaut bien l’effort.

Youtube offre pas mal d’exemples filmés, d’une part sur le bandonéon et, d’autre part sur le konzertina. Encodez « ChemnitzerKonzertina ».

 

Jean-Pierre Wilmotte

 

(paru dans le Canard Folk de septembre 2016)