Rappelons que vous pouvez écouter des extraits des derniers CD présentés dans le Canard Folk tous les jours, vers 18h30 sur notre webradio TradCan (musique Folk/Trad 24h/24)
www.canardfolk.be/tradcan/mainFR.htm
Voilà un cd bien rempli avec pas moins de 18 morceaux. Le duo Manäcken, formé par Marielle Vancamp au nyckelharpa (qu’on devrait mettre au pluriel pour inclure par exemple une oktavharpa) et Thibault Debehogne à la guitare, nous gâte en proposant un répertoire d’une belle diversité. Ils avaient commencé en explorant les musiques traditionnelles suédoises pour progressivement ajouter des airs traditionnels wallons (un passe-pied, une anglaise, la gaillarde …) et des compositions de leur cru. Ils ont choisi quelques invités qui partagent leurs goûts musicaux comme Élisabet Brouillard (l’accordéoniste suédoise établie en Belgique) pour une polska, Aurélie Giet pour un passepied, une chanteuse suédoise …
C’est de la belle musique assurément, avec des moments féeriques, qui démontre la superbe maîtrise des instruments placée au service d’un fort sens musical. Laissez-vous donc emporter dans les rivières suédoises, mais faites attention pour ne pas tomber sous le charme d’un Näcken … manacken.be/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
« Outside Time », c’est « en dehors du temps », en pensant aux temps du solfège, dont une lecture trop stricte peut emprisonner certaines expressions populaires, particulièrement dans les airs utilisés pour la danse lorsque le temps semble se plier, se rétrécir ou s’allonger tout en restant dans la même mesure. Le début du livret est ainsi une belle entrée en matière, surtout venant d’un groupe dont le pays (l’Angleterre) est connu, peut-être à tort, plus pour ses chansons que pour ses danses.
On plonge donc sur la plage 3 intitulée « Outside Time » : c’est une suite de deux morceaux, d’abord une composition du vielleux Patrick Bouffard (c’est toujours un bon choix) puis « Outside Time » lui-même, composé par le violoneux Alex Garden, dont les rythmes vous troublent l’esprit si vous essayez de les suivre. Le livret donne d’ailleurs cette description : « An exploration of polyrhythm and of interlocking cross rhythms ». Mais le cd n’est pas qu’intellectuel « Neither maid nor man » est une célébration de la non-conformité en matière de genre basée sur des chansons trad anglaises que le groupe a découvertes grâce à une bourse de l’EFDSS.
La jig « Atherfield » (d’Andy Cutting) nous rappelle avec plaisir le rythme puissant des morris dances. Les froides soirées des Highlands, un long séjour loin des siens, le solstice : le groupe choisit, pour les chansons et pour les instrumentaux, des thèmes profondément humains qu’il réussit à mettre parfaitement en phase avec les arrangements musicaux par ailleurs bien personnels et diversifiés. Le groupe est composé de Sid Goldsmith (cistre, concertina, chant), Alex Garden (violon, alto, harmonium, chant), Danny Pedler (accordéon, chant) et Harriet Riley (marimba). Super CD à découvrir absolument !!! tarrenmusic.com/album/2930859/outside-time
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Tri Yann avec l’Ensemble vocal Marie Nodier – En chorale – Aztec Musique
Ils s’appellent toujours Tri Yann bien sûr, malgré le décès de l’un d’eux. Quelle surprise de les voir sortir un nouveau cd qui n’est ni une compilation, ni d’anciens enregistrements jamais publiés. Le répertoire est certes connu, mais il est interprété en compagnie de l’Ensemble Vocal Marie Nodier, un chœur d’une trentaine de chanteuses et chanteurs du Jura. Ce qui implique un réarrangement pour tenir compte des voix féminines.
Le résultat est une réussite, qui permet à la fois de retrouver avec grand plaisir des voix ô combien connues et appréciées, et d’en découvrir un groupe d’autres qui ne les écrasent pas et qui comporte des éléments féminins, ce que les Trois Jean n’avaient évidemment pas, sauf peut-être dans des collaborations rarissimes avec des chœurs. Voici donc 15 tubes en de nouveaux habits, comme « Si Mort A Mors », « Dirty Old Town », « Le Loup, le Renard et la Belette » … de quoi faire revivre de bons souvenirs. Attention, ce cd ne sortira que le 25 avril. aztecmusique.com/2020/03/24/tri-yann/ aztecmusique.com/boutique/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Le format d’enregistrement « session live » consiste à se mettre dans un chouette lieu dans des conditions qui ne sont pas celles du studio, enregistrer trois ou quatre versions du morceau et prendre la meilleure. Dans le cas présent, il n’y a qu’un seul morceau. Il est intitulé »Roux » car Fanny Vandenbergh, la chanteuse et auteure, l’avoue : c’est aux roux que va sa préférence ! Le refrain répète cet aveu de manière lancinante – c’est un rythme de danse bretonne, le début du morceau fait d’ailleurs immanquablement penser au groupe électro-trad breton Fleuve.
Fanny, très à l’aise sur scène, capte toute l’attention. Rudy Mathey, à la clarinette basse, signe de belles improvisations, pas très longues, de quoi ne pas trop s’éloigner du rythme de base. Joachim Loneux, au diato, assure, tandis que la température monte lorsque Gilles Doneux délaisse les boutons de son « sound design » pour empoigner un trombone à coulisse.
Quant au clip vidéo, Joachim nous dit : « Il fallait malgré tout penser à la longueur du morceau, il fait plus de 6 minutes, on avait besoin d’une idée simple pour faire les plans de coupes et c’est Elsa Verhoeven la vidéaste et monteuse qui a eu l’idée de faire faire des pauses issus de tableaux célèbres (Klimt, Munch,…) avec des « roux » ».
Le groupe enregistrera en mai quatre autres morceaux qui sortiront en single et qui feront certainement partie d’un album qui est en cours de réflexion. Vidéo-Bouton-Roux-Live Session
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Rémi Geffroy – Carrefour des Anges – Modulor Music
Sixième album pour l’accordéoniste français qui aime varier les styles. Ceux qui cherchent le genre « air irrésistible pour cercle circassien » trouveront « Samsara », « Laboratorium » ou « Gambiarra » entre autres. Les amateurs de musique intimiste en trouveront. Des pizzicati au violon ? Il y en a, bien sûr. Une batterie frénétique et linéaire ? Ecoutez « Le chien et le ver ». Les compositions sont mélodieuses, les attaques sont précises, et notre homme sait faire varier les niveaux d’énergie. C’est qu’il a du talent ! modulor-records.com/fr/boutique/remi-geffroy/carrefour-des-anges/ www.remigeffroy.com/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Séamus et Caoimhe Uí Fhlatharta (EP)
Issus d’une lignée de musiciens, Séamus et Caoimhe Uí Fhlatharta sont originaires d’un village dans la région Gaeltacht du Connemara, dans le comté de Galway. Ils sont connus pour leur chant sean nós (interprétation vocale traditionnelle irlandaise sans accompagnement, en langue irlandaise) et leurs arrangements uniques de chansons irlandaises et anglaises. Ils portent un intérêt particulier à l’arrangement et à l’harmonisation vocale, leurs performances bénéficiant des tonalités vocales que seules les familles partagent.
Tous deux sont des multi-instrumentistes accomplis, des danseurs irlandais et des artistes lauréats de All Ireland. Leur disque contient 6 morceaux, tous à tempo lent pour bien apprécier les harmonies, y compris le bien connu « Scarborough Fair » ; la seule exception est le rapide « Caislean an tSléibhe – from Miliani » (flûte traversière en bois, violon, chant). Même en ne comprenant rien à ces paroles, on est séduit par cette performance peu courante. www.naiadeproductions.com/artistes/seamus-caoimhe-ui-fhlatharta/ open.spotify.com/intl-fr/album/6JaMFB2WldzF15K6KPCoWE www.facebook.com/p/S%C3%A9amus-and-Caoimhe-100089028087082/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Kvedarkvintetten – Tagal – Heilo HCD7389
Cet album est le fruit d’une collaboration entre une musicienne, Jorun Marie Rypdal Kvernberg, violoniste connue pour sa participation au groupe Majorstuen, et Kvedarkvintetten, un quintette vocal composé des trois sœurs Myhr, Helga, Sina et Margit, et des deux sœurs Risdal Liahagen, Silje et Tonje. L’une enviait les chanteurs, pour leur possibilité de s’appuyer sur des éléments textuels, les autres souhaitaient s’affranchir des mots pour s’immerger totalement dans les musiques. De leur rapprochement est né « Tagal », qui pourrait se traduire par « sans paroles », donc qui ne contient aucun texte chanté, pour un ensemble tout en onomatopées.
Jorun Marie Kvernberg a composé l’ensemble des pièces, sauf la plage 6 créée par Helga Myhr et Silje Risdal Liahagen. L’album contient dix morceaux très divers, parfois interprétés à l’unisson, parfois harmonisés de façon très sophistiquée, sur des arrangements très variés et élaborés. Kvedarkvintetten chantait auparavant surtout des chansons traditionnelles du Hallingdal. Cet ancrage se fait parfois sentir lorsque la structure du morceau s’appuie sur un rythme de danse. On peut ainsi identifier ça et là un springar, un gangar ou un halling. Parmi ceux-ci, j’ai tout particulièrement apprécié le huitième morceau, Kvelarspringar, qui varie les rythmes, tempos et atmosphères. Du bel ouvrage, finement ciselé ! www.grappa.no/no/label/heilo
Jacques Leininger (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
Tone Hulbækmo – Harpedåm – Heilo HCD7426
De la harpe en Norvège ? Et pourquoi pas ! La harpe avait totalement disparu, et l’instrument utilisé ici est une reconstitution basée sur les derniers instruments conservés, fabriqué par le luthier Sverre Jensen. Tone Hulbækmo s’en est emparé, et depuis son premier disque en 1983, « Kåmmå no » Heilo HCD7024, elle porte haut et fort les musiques qu’elle a adaptées pour l’instrument. Son répertoire est issu de sa tradition familiale, enracinée dans la région du Nord-Østerdalen, où la pratique de la harpe avait perduré le plus longtemps. S’y ajoutent des mélodies collectées par la musicienne dans l’est de la Norvège, et quelques compositions personnelles. Il s’agit du premier album entièrement consacré à l’instrument, enregistré en solo dans l’église de Tolga, où Alf Hulbækmo, le père de Tone, fut organiste. L’ambiance est un peu solennelle, le son très dépouillé, pour un rendu d’une sobriété apaisante. www.grappa.no/no/label/heilo
Jacques Leininger (Le Canard Folk N°464 – Avril 2025)
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