Rappelons que vous pouvez écouter des extraits des derniers CD présentés dans le Canard Folk tous les jours, vers 18h30 sur notre webradio TradCan (musique Folk/Trad 24h/24)   

www.canardfolk.be/tradcan/mainFR.htm

Planchée II (La Compagnie des possibles-CP0012)

C’est le deuxième album de ce groupe de bal haut-breton. Stop : vous hésitez encore sur la différence entre Haute et Basse-Bretagne ? Alors en deux mots, rappelons que la Haute-Bretagne est la partie orientale de la Bretagne, celle où l’on parle gallo, une langue romane.  Quelques noms de villes : St Malo, Rennes, St Brieuc, Loudéac, Ploërmel, Nantes.  En Basse-Bretagne, où l’on parle breton, on trouve Paimpol, Quimper, Morlaix, Guingamp, Lorient, Brest.

Planchée est un trio formé d’Emmanuelle Bouthillier (violon, chant, pieds),  Dylan James (contrebasse, chant) et Yannick Laridon (accordéon).  Sur un total de 13 morceaux, ils en ont placé 5 qui sont typiquement de bal folk : 3 polkas piquées, 1 scottische et 1 mazurka. Sans doute est-ce une caractéristique du bal haut-breton. De plus, deux polkas piquées sont animées d’une énergie « transe », bruyante, avec un rythme rapide incessant. De quoi épuiser la plupart des vigoureux danseurs ! Préparez donc vos bouteilles d’eau …    planchee.fr/     lacompagniedespossibles.bandcamp.com/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Mathilde Miclo & Christophe Toussaint – Epinettes-Violon-Chants

Qui donc dans le milieu folk ne connaît pas Christophe Toussaint, fabricant d’épinettes des Vosges depuis 1978 ? Ils ne sont pas nombreux, même si l’épinette n’est plus à la mode (on se demande bien pourquoi) et si Christophe Toussaint n’est pas une star des podiums de concerts. Le voici avec trois épinettes de sa fabrication (une diatonique et deux chromatiques à résonateur), en duo avec la chanteuse et violoniste Mathilde Miclo, musicologue, admise à la Schola Cantorum et formée au jazz manouche. Ils se sont rencontrés en 2012 et nous proposent un album de 11 titres, en majorité de la musique ancienne : le Branle d’Ecosse (Thoinot Arbeau, sans doute le titre le plus connu des folkeux), des œuvres de Joseph Bodin de Boismortier, une chanson populaire du Vivarais, un traditionnel autrichien … Plusieurs chants sont pourvus d’une introduction joliment élaborée à l’épinette. Les airs choisis sont beaux ; les arrangements sont légers, élégants. Enfin, les épinettes ressortent globalement bien, ce qui sert un des objectifs de l’album : attirer l’attention sur ces instruments et sur leurs possibilités. Une très belle réussite !  epinette.free.fr/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Dylan & Mike James – Dyma  (La Compagnie des possibles-CP0013)

Tous deux établis en Bretagne, Mike James (chant, accordéon diatonique ; d’origine galloise et londonienne) et son fils Dylan James (contrebasse préparée, chant, harmonica) ont fait connaissance avec les chants traditionnels gallois, irlandais et anglais, en plus des bretons. Ils ont opté pour des arrangements sobres qui mettent en valeur les mélodies, les paroles, les bourdons … et qui s’accommodent fort bien de durées relativement longues. C’est ainsi que la moitié des dix morceaux font plus de cinq minutes sans qu’on y fasse attention. Relevons la présence d’une suite de ridées composées par Dylan, et de la chanson bretonne « Y’a bien un mois ou cinq  semaines ». Toutes les paroles figurent avec leur traduction dans le livret. Enfin, le titre de l’album est un mot gallois qui signifie « voici ». Voici un album d’excellente qualité !   lacompagniedespossibles.bandcamp.com/      compagniedespossibles.bzh/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Gangspil – Gangspil live at Alice, Copenhagen (Go Danish – GO2524 )

Troisième album pour le groupe danois qui débuta en 2015 dans une formule trio et devint un duo en 2019. Kristian Bugge (violon, chant) et Sonnich Lydom (accordéon diatonique, harmonica, chant), rejoints par la pianiste Marlene Beck pour les concerts au Danemark, ont trouvé une formule qui marche, comme en témoignent plus de 200 concerts en Amérique du Nord et les tournées en Belgique, France et Allemagne : ils restent focalisés sur les musiques traditionnelles danoises qu’ils interprètent intensément. Polkas, toturs, firturs et autres trekanters débordent d’énergie dans une ambiance qui fait penser au monde germanique, à côté de deux menuets, bien sûr plus lents et élégants. Et comme il s’agit d’un enregistrement en public (à Copenhague), la très longue expérience des deux musiciens qui sont d’ailleurs membres de plusieurs groupes vous fera réagir au quart de tour. C’est encore un exemple de la vigueur d’un répertoire traditionnel lorsqu’on se donne la peine d’y croire. gofolk.dk/     www.kristianbugge.com/en/new-album-gangspil-live-at-alice-copenhagen-is-out-now/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Ciac Boum – Epourall (Le Grand Barbichon Prod)

Après « L’homme sans tête » paru en 2020, le groupe poitevin le plus apprécié en Belgique francophone sort « Epourall », l’histoire d’un  épouvantail qui a du mal à remplir sa fonction dans une campagne qui se tourne vers l’industrie. Y a comme un air de famille avec le titre du cd précédent, et plus qu’un air de famille avec le Ciac Boum bien connu : un mélange d’énergie propre à faire sauter les danseurs sur le parquet (« Danion », « Bal des cousins » …) et de belles ballades (« La belle au jardin », « Jardin d’amour » …) jouées avec élégance, avec à l’occasion de brefs  silences judicieusement placés. Il y a moins d’influences musette qu’il y a quelques années, ce qui n’est peut-être pas plus mal. Bravo à Christian Pacher (chant, violon, surdo), Alban Pacher (violon, violon bidule) et Julien Padovani (accordéon chromatique, Rhodes, clavinet, guitare électrique préparée) qui savent se renouveler dans la continuité.  www.legrandbarbichonprod.com/artistes/ciac-boum-6

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Hallgrim Haug & Aslak Brimi – …og Ola han var stjerna!  (Ta:lik TA284)

« … et Ola, c’était la star !  » La star en question, c’est Ola Opheim, violoniste légendaire du Gudbrandsdal, une vallée centrale de Norvège. La riche vie musicale de Ola Opheim est retracée dans un ouvrage produit et rédigé par le journaliste et violoniste Even Lusæter. L’illustration musicale est assurée par Aslak Brimi et Hallgrim Haug, musiciens réputés de cette région. Ensemble, ou en solo, ils nous font découvrir ces musiques puissantes que leur « passeur de tradition » affectionnait de jouer. On peut entendre ici des interprétations de premier plan, par des musiciens au sommet de leur art. Impossible de départager ces musiques, aussi je vous livre un tiercé consensuel : j’adore « Stor i stugun », du répertoire de Fel-Jakup, joué par Hallgrim Haug à la deuxième plage. Aslak Brimi m’a particulièrement séduit avec « Eina Kveen », joué magistralement à la plage quinze. Et le duo excelle quand il interprète « Uppheimin », morceau composé par Ola Opheim lui-même.  Du beau jeu, assurément !  www.talik.no  www.talik.no/og-ola-han-var-stjerna.6697746-275607.html

Jacques Leininger    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Ånon Egeland – MMXXIV (Taragot-Taragot41)

Les lecteurs assidus du Canard Folk -et de mes chroniques en particulier- reconnaitront ce nom, Ånon Egeland, mentionné dans les numéros d’octobre 2022 et de septembre 2024. Il dresse ici, humblement, son auto-portrait musical, en nous offrant ces musiques si rares du sud de la Norvège, la région d’Agder. En solo, du début à la fin, avec ses instruments de prédilection : Hardingfele, sur sept plages, deux morceaux au violon, six à la guimbarde et pour clore l’album, un seul sur flûte harmonique. Toutes traditionnelles, ces pièces sont reliées, grâce au livret bien documenté, au musicien source, auquel Ånon rend hommage. C’est l’apanage des grands, que de reconnaître et magnifier sa filiation. L’interprétation est superbe, le son qu’il forge avec son Hardingfele et son violon est unique et identifiable entre mille, précis et harmonieux, flirtant avec les gammes non tempérées. Savourez aussi ces morceaux joués à la guimbarde, dont il est assurément l’un des meilleurs interprètes.  On peut se laisser faire !  www.taragot.com

Jacques Leininger    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

Kaolila – Pilhoù (Arfolk)

« Folk rétro punk breton» du Finistère : c’est leur définition. Cette juxtaposition d’étiquettes veut surtout dire que Kaolila veut construire un style nouveau et engagé. Le groupe, à nette prédominance féminine,  est formé des chanteuses Marion Guen,  Arzela Abiven et Faustine Audebert (cette dernière joue aussi de la basse), de Doniphan Laporte à la guitare et Nicola Hayes au violon. Les concerts de Kaolila s’agrémentent d’éléments visuels qui renforcent des messages tels que  la force et la résilience des femmes  ou la richesse des traditions populaires. Des chansons comme « Ar plac’h div wech eureujet » offrent déjà en soi une belle intensité ; « Frankie & Albert » fait le lien avec le folk américain. Les textes de l’écrivain Gege Guen ont été mis en musique par Kaolila, qui met en œuvre une approche originale, à plusieurs étages. arfolk.bzh/boutique/cd-kaolila-pilhou-album-8-titres/      www.kaolila.com/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

The Baltic Sisters – Värav / Vārti / Vartai (CPL-Music-CPL070)

Lituanie, Lettonie et Estonie, les trois pays baltes, ont beaucoup de choses en commun dans leur histoire et leur culture. Le letton et le lituanien parlés actuellement sont les seuls survivants des anciennes langues baltes. Les « sutartinès », polyphonies vocales lituaniennes où différentes mélodies et différents textes sont entendus en même temps – la dissonance crée de l’harmonie -, sont sous protection mondiale de l’Unesco. Un jour, des chanteuses des rois pays se sont réunies sous le nom des Baltic Sisters pour chanter et enregistrer des sutartinès. Par la suite, elles ont inclus des chants lettons et estoniens, et le résultat est ce cd. Un peu étrange mais charmant !  cpl-music.de/    laurita.lt/en/balticsisters/

Marc Bauduin    (Le Canard Folk N°461 – Janvier 2025)

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