Dans cette rubrique, nous vous invitons à présenter un instrument particulier (ou tout autre objet relatif à la musique, au chant ou à la danse), en expliquant pourquoi vous pensez qu’il est particulier, en faisant éventuellement appel aux lecteurs pour obtenir des infos ou leur avis. Ce mois-ci, un article de Thierry Legros.

Et vous ? Il n’est vraiment pas nécessaire d’être expert(e) pour présenter quelque chose …

Marc Bauduin

 

A la lecture de la première trouvaille dans la livraison de septembre du Canard, je me suis dit, ce modèle d’accordéon je connais. Je me suis replongé dans mes « albums de famille » et j’y ai trouvé quelques photos que je partage avec vous.

Après vérification à la loupe, ce ne sont pas tout à fait les mêmes claviers, sauf peut-être ceux des deux premières photos, qui sont les plus ressemblants.

Le clavier main droite n’est malheureusement ici pas complètement visible.

La photo suivante a été inversée au tirage. Ce qui semble donc être le clavier main gauche est celui de la main droite. Ce cliché est une carte postale publicitaire pour un orchestre familial comme il y en avait beaucoup. Notez la présence de la basse au pied et surtout ce modèle peu courant de guitare.


L’image qui suit est également un document publicitaire. Les claviers bien visibles ici semblent être réellement de type « piano ». Comme les deux musiciens sont « virtuoses sur Solarium » , on connaît ainsi le nom du fabricant et du modèle…

Les dernières images que je vous montre sont aussi publicitaires, il s’agit d’une carte de l’accordéoniste binchois René Aigrisse. Ce document, outre nous montrer l’instrument à deux claviers « piano » dont il joue, précise aussi que le musicien a gagné divers concours où il s’est « hautement distingué », qu’il joue pour Café musical, concert, fête etc. Le cachet en biais à droite mentionne la « Fabrique d’accordéons René Aigrisse ». Le musicien est donc aussi facteur.

Ce carton publicitaire a voyagé, il a été posté en 1910 à destination d’un cafetier de Feluy. Au verso on lit que René joue « des » accordéons, seul ou à deux avec son père, qu’il joue également de la basse au pied et du violon.

Montrer de belles images fait plaisir mais qu’en retenir ?

Voici quelques observations-réflexions en vrac.
Ces quatre clichés datent tous d’environ 1910, les instruments sont à « gorges et à doucines » et se trouvent ici dans les mains de musiciens professionnels ou dans un milieu aisé (collège), Les fabrications italiennes et allemandes étaient moins onéreuses que les instruments locaux plus sophistiqués et luxueux .

Les documents sont publicitaires, les instruments sont mis en avant (ça, s’est souvent le cas), on met en évidence un modèle et un fabricant (Solarium).

L’instrument se fait entendre dans divers milieux (le collège, le café, la salle de concert) et n’est pas encore relégué dans les classes populaires.

Voilà, faites part au Canard de vos remarques et commentaires.

Thierry Legros
thierrylegros@skynet.be

(article paru dans le Canard Folk de décembre 2022)