A l’occasion de la sortie du 9ème cd de ce groupe folk métal israélien atypique, promoteur de la paix entre les peuples,chantant en hébreu, en arabe et en yéménite, qui compte des milliers de fans musulmans, nous avons interviewé son chanteur Kobi Farhi, de retour en Israël après une tournée en juin dernier.
Marc Bauduin
Q : Comment cela a-t-il commencé, apparemment vers 1993 : votre objectif était-il uniquement musical, ou aviez-vous déjà un message politique ?
R : Le groupe s’est formé en 1991, nous étions des fans de groupes métal.Nous étions des teenagers encore à l’école et nous voulions faire des chansons personnelles sur le moyen orient en général. Ce n’est qu’en 2001 que nous avons pris conscience de la puissance de notre musique, lorsque nous avons commencé à recevoir beaucoup d’e-mails. Notre message est alors devenu plus fort. Les seules personnes qui unissent les gens au moyen orient sont les groupes de métal, grâce à leur musique puissante. Nous sommes uniquement des musiciens israéliens juifs, mais nous tirons notre inspiration également d’Irak et d’Egypte, par exemple. Et sur notre dvd, vous pouvez voir que nous travaillons aussi avec des musiciens arabes, qui ne sont pas membres du groupe.
Q : Nous ne connaissons que votre dvd « The road to Or-Shalem » et le tout nouveau cd. Comment décririez-vous votre évolution musicale depuis les débuts ?
R : Au début, nous étions un metal band, un death metal band très ordinaire.Nous avons découvert très rapidement que nous devions combiner d’autres langues et d’autres pays, et utiliser un tas d’instruments de ces pays. Nous avons toujours cherché à faire une musique complexe et progressiste, et à nous améliorer constamment. On ne peut pas dire que nous étions plus agressifs au début : notre cd précédent Or Warrior était très agressif.
Q : Utilisiez-vous plus souvent le growl (ndlr : grondement, manière de chanter) dans le passé ?
R : Oui, nous grondions plus souvent. J’ai récemment décidé de chanter plus en clair, pour que le message soit plus fort,que les paroles soient mieux comprises.
Q : Jouez-vous ou chantez-vous parfois de la musique traditionnelle d’Israël ou de pays arabes ?
R : Oui bien sûr, le folklore fait partie de notre répertoire. Nous aimons reprendre des morceaux traditionnels et les arranger à la manière métal.
Q : Dans quels genres de lieux jouez-vous en Israël ?
R : Principalement à Tel Aviv, Jérusalem et Haifa. Tous les quelques mois, nous revenons en Israël après une tournée à l’étranger.
Q : Peut-on parfois vous entendre à la radio ou à la télévision israélienne ?
R : A la télévision, tant publique que privée, nous sommes déjà passés souvent. Beaucoup moins à la radio, parce qu’on n’y entend généralement pas ce genre de musique.
Q : Voyez-vous une évolution dans la manière dont vous êtes perçus en Israël ?
R : Oui, les gens apprécient beaucoup le lien avec les pays arabes. Vous savez, en Israël les gens ont l’habitude d’entendre ou de lire des mauvaises nouvelles dans les média, alors ils sont fiers de nous, nous sommes leur ambassadeur !
Q : Avez-vous l’impression de jouer de la même façon en Israël et à l’étranger ? Le public réagit-il différemment ?
R : Dans la plupart des cas c’est la même chose, la foule est très réactive. La seule différence c’est qu’en Israël les gens connaissent les paroles un peu mieux, alors on les fait chanter au micro.
Q : Quels sont les musiciens et quel est leur background ?
R : Kobi Farhi – chant;
Uri Zelha – basse;
Yossi Sassi – guitares électriques et acoustiques, bouzouki, cumbus;
Chen Balbus – guitares électriques, glockenspiel, claviers, programmation;
Matan Shmuely – batterie;
Uri était mon voisin dans le même building quand j’étais gosse; nous avons trouvé Yossi par une annonce – ce sont les trois membres fondateurs. Matan est arrivé il y a 6 ans. Chen était un fan du groupe, et il connaissait deux précédents membres. Il est très jeune (21), très talentueux, très présent dans le nouveau cd, il a beaucoup travaillé. Rappelons que nous avons commencé à jouer très très jeunes …
Q : Qui sont les principaux auteurs et compositeurs ?
R : La composition est chez nous un processus collectif. Il n’y a pas de compositeur principal, nous disons simplement que c’est Orphaned Land qui compose. Pour les paroles, c’est d’habitude moi qui les écris, mais je demande aux autres de les approuver.
Q : Est-ce la première fois que vous sortez un album également sur 33 tours (2 LP’s) ? Dans quel but le faites-vous ?
R : Non, ce n’est pas la première fois. J’aime le vieux concept du LP, sa grande taille. Ce sont des objets de collection.C’est principalement pour la taille, pas pour le son qui de nos jours est presque le même que celui d’un cd.
Q : Pourquoi avez-vous enregistré le cd dans trois pays (Israël, Turquie et Suède) ?
R : Le meilleur violoniste que je connaisse est de Turquie, qui par ailleurs est le seul pays musulman où nous sommes autorisés à jouer. En Suède, il y a un excellent studio qui peut accueillir les 25 choristes et 8 cordes classiques qui nous accompagnent sur certains morceaux.
Q : Un message pour les fans belges ?
R : Écoutez notre album : il est vraiment différent ! Et venez le célébrer à nos concerts, par exemple le 21 septembre à Lille (France, au Splendid) ou le 22 à Tongres (au Sodom Klub) !
Site web : www.orphaned-land.com
L’album est disponible en cd+dvd, en boîtier cd, en téléchargement ainsi qu’en deux LP.
Label : www.centurymedia.com14
(paru dans le Canard Folk de septembre 2013