La maclote, l'amoureuse ou la sabotière semblent ne pas intéresser grand-monde. Beaucoup de musiciens soit ne connaissent pas ces airs, soit les trouvent ringards, lourds ... peut-être par manque d'imagination ? Ils arguent aussi, avec raison, que peu de gens savent aujourd'hui danser ces danses qui semblent plutôt compliquées.
Le répertoire est pourtant large et, s'il est méconnu, ce n'est pas faute de partitions : le centre de documentation de la Fédération des Groupes Folkloriques Wallons, en la personne d'Albert Rochus, les a rassemblées et en propose des photocopies et quelques transcriptions.
Il n'y a pas que des danses compliquées en Wallonie. On trouve pas mal de danses de couples (notamment de jolies valses dans le mansucrit Jamin), on trouve aussi des danses d'animation faciles (la danse du ramon, talon betchète, la danse del cossin, la polka noire, ...). Et les maclotes pourraient être dansées avec une seule figure, comme jadis.
Les airs wallons sont-ils beaux ? A chacun ses goûts bien sûr, mais n'est-ce pas en partie une question d'image ? Il est sans doute plus facile de déclarer qu'on aime la musique irlandaise que la musique wallonne. Il est certes plus facile aussi de se référer à des musiciens virtuoses et médiatisés irlandais que wallons.
La diversité des airs wallons est pourtant bien réelle. Certains airs peuvent se prêter à des transformations, personnalisations, "modernisations" dignes des plus grand artistes. On aimerait mettre nos musiciens wallons les plus médiatisés (Urban Trad, Didier Laloy, ...) au défi d'interpréter ainsi l'un ou l'autre air wallon de leur choix. Nul doute qu'ils y parviendraient, élargissant ainsi la voie de l'exploitation d'un répertoire qui reste largement méconnu.
Les tentatives récentes pour intéresser musiciens et danseurs à ce répertoire, en restant autant que possible dans l'esprit traditionnel, ont échoué. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi. Certes, il a fallu attendre les premiers collectages et la découverte de musiciens traditionnels. Fanny Thibout et le Réveil ardennais, pour ne citer qu'eux, ont été parmi les premiers à collecter des danses avec leur musique, mais sans réelle volonté de diffuser ce répertoire. Les fascicules de Rose Thisse-Derouette et Jenny Falize, à partir de 1962, ont eu du succès tant chez les musiciens que chez les danseurs.
C'est ensuite la vague folk d'après mai 68, avec un réel intérêt pour le terroir : les Pêleteûs, les Zûnants Plankèts, Lu Gaw, Nam, le festival de Champs, les émissions de la RTBF, Julos Beaucarne, le Temps des Cerises, la découverte de Henri Schmitz, de Constant Charneux, d'Elisabeth Melchior, la réalisation d'un 33 tours d'airs wallons par des professeurs et stagiaires de l'Académie Internationale d'Eté de Wallonie, ... sont quelques-uns des principaux symptômes de cette époque.
Aujourd'hui, les principaux vecteurs du répertoire traditionnel restent des personnes qui ont été sensibilisées dans les années 70 : Trivelin, les Macloteus, Luc Pilartz, Matoufèt (avec Raymond Honnay), ... et, en danse, quelques groupes (membres de la Fédération des Groupes Folkloriques Wallons ou non comme les Pas d'la Yau, ...) qui proposent des spectacles et chorégraphies (notamment par Marc Malempré).
Des rencontres de musique wallonne lancées par Walter Lenders et Hubert Boone n'ont pas eu le succès escompté. L'introduction d'un répertoire wallon aux stages de Borzée non plus. On attend vos suggestions ...
Voir aussi le compte-rendu par Walter Lenders des Assises européennes des musiques et des danses traditionnelles en 1997 (CF 167)
Dernière mise à jour : juin 2006